Tuesday, November 30, 2010

RWANDA: What details have US diplomats been collecting in Rwanda?

Kigali: Since April 2009, US diplomats to Rwanda have been collecting some of the most extensive data on Rwandan officials and military – on the orders of their boss, Secretary of State Hillary Clinton. As RNA reports, these details have included even DNA and iris scans of top Rwandan leaders.
A number of State Department memos ask the Kigali embassy and others how to engage in very extensive data collection on the governments in the countries there are posted. In her cable, Clinton makes specific emphasis to Rwanda, Burundi and DR Congo. In the case of the nations of Africa's Great Lakes area, the intelligence must-have lists included requests for:

Biographic and biometric data, including health, opinions toward the US, training history, ethnicity (tribal and/or clan), and language skills of key and emerging political, military, intelligence, opposition, ethnic, religious, and business leaders. Data should include email addresses, telephone and fax numbers, fingerprints, facial images, DNA, and iris scans.

The top target countries in this instance were Rwanda, Burundi, the Democratic Republic of the Congo, and Uganda. Another memo focuses on gathering intelligence on United Nations personnel:

Reporting officers should include as much of the following information as possible when they have information relating to persons linked to: [office and STATE 00080163 002 OF 024] organizational titles; names, position titles and other information on business cards; numbers of telephones, cell phones, pagers and faxes; compendia of contact information, such as telephone directories (in compact disc or electronic format if available) and e-mail listings; internet and intranet "handles", internet e-mail addresses, web site identification-URLs; credit card account numbers; frequent flyer account numbers; work schedules, and other relevant biographical information.

The diplomats in this region have also been told to look at rebels groups and any other information that would aide the US policy making process.
Source: Monday, 29 November 2010 17:49 by RNA Reporters

RWANDA: Update : US Embassy Disowns Wikileaks

The United States Embassy in Kigali has denied the latest confidential US documents released by Wikileaks, a Swedish website which
accused the diplomatic mission of gathering information on Rwanda’s military as well as spying on its top leaders.
The diplomatic cables leaks say that the US state department reportedly ordered its Embassy in Kigali to collect high-level, classified and secret information on Rwanda’s military installations and weaponry as well as spy on its top leaders including samples of their fingerprints, facial images, DNA, their phone numbers, e-mail accounts and so on.
On its part, the Rwandan government through the Foreign Affairs Ministry told Contact FM that it is still studying these confidential documents and will soon comment after careful analysis. However, in an exclusive interview with Contact FM, Edwina Sagitto, the US Embassy’s Public Affairs Officer who is also the Embassy’s spokesperson said that their basic function is to report on developments in Rwanda. The Rwandan government says it is still studying confidential US documents leaked by a Swedish website, Wikileaks and will soon comment after careful analysis. 
The damaging cable leaks contain exchanges of sensitive information between US diplomats abroad and foreign diplomats around the world where they describe their perceptions of foreign governments and their leaders. 
Rwanda is one of US strongest allies on the African continent and the latest leaks which include reports on other countries in the great lakes region won’t help efforts to restore peace and stability in the region where the US has been a strong partner.

Source: Contact FM, 30/10/2010

RWANDA: Révélations de WikiLeaks : Le Rwanda au centre des préoccupations de Washington

Un des télégrammes diplomatiques publiés par WikiLeaks dimanche détaille les demandes de renseignements confidentiels faites par l'administration américaine à ses diplomates de la région des Grands Lacs. Washington a réclamé, par exemple, des recueils biométriques (ADN, scanner des yeux...) concernant les dirigeants de la région, ainsi que des informations très détaillées sur les armées et groupes rebelles de la région.

La liste des informations sensibles réclamées par Washington à propos du Burundi, de la République démocratique du Congo (RDC) et du Rwanda paraît infinie. Dans un document de 10 pages, publié par WikiLeaks dimanche, l'administration américaine a détaillé, en avril 2009, tous les renseignements sensibles dont elle estimait avoir besoin sur la région. Le document est classé « secret d'État » et « noforn », ce qui signifie No Foreigners (non transmissible à des étrangers).
Selon la diplomatie américaine, les deux enjeux clés qui se distinguent sont les « ressources minières » et « les séquelles du génocide ».
En application de la directive National Humint Collection (« Humint » pour « Human Intelligence », renseignement humain), émise par le secrétariat d'État américain dirigé par Hillary Clinton, une foule d'informations est demandée aux agents américains sur le terrain.
« Les rapports biographiques informels par e-mail et autres moyens sont vitaux pour les efforts de collecte de la communauté [du renseignement] », explique le texte en introduction pour motiver ses troupes.

Jusqu'à l'ADN des dirigeants

Il est demandé aux agents de recueillir toutes les informations possibles sur les « personnes liées à l'Afrique des Grands Lacs. (...) Numéros de téléphone, de portable [...], répertoires de téléphones [sur CD-Rom ou format électronique si possible] et de comptes e-mail, [...] numéros de cartes de crédit, numéros de cartes de fidélité des compagnies aériennes, agendas de travail,  et autres informations biographiques utiles. »
Dans la section consacrée aux leaders politiques, les demandes vont encore plus loin. Les agents sont priés, de s'informer sur « l'état de santé, les opinions à propos des États-Unis, [...] l'appartenance ethnique [tribale et/ou clanique] » des personnages clés ou émergents dans la « politique, l'armée, les renseignements, l'opposition et les leaders ethniques, religieux et économiques ».
« Les données devraient inclure [...] les empreintes digitales, images faciales, ADN et scanner de l'iris » de ces personnes. Et on se demande quelles techniques étaient employées pour recueillir ces informations, notamment ADN et scanner de l'iris, à l'insu des intéressés...

Le Rwanda au centre des préoccupations

Le télégramme réclame en outre des informations sur les relations entre les États de la région, « en particulier » entre « Kigali et Kinshasa, et Kampala et Kinshasa ».
Le Rwanda est particulièrement présent dans le document. Kigali est remercié pour ses réponses aux services américains (le texte renvoi sur ce point à un autre télégramme pas encore dévoilé par WikiLeaks). Mais Washington veut aussi obtenir des informations sur la participation aux « violations des droits de l'homme », telles que des « assassinats extrajudiciaires » du Front patriotique rwandais (FPR, le parti du président Paul Kagamé), ainsi que des forces « paramilitaires » locales, de la « police » ou encore « de civils tutsis contre des Hutus ».
La diplomatie américaine veut aussi en savoir plus sur les divisions à l'intérieur du « cercle restreint autour du président Kagamé ».
Particulièrement concentré sur les données ethniques, le secrétariat d'État veut savoir quel rôle elles jouent sur la « prise de décision », dans les « armées », les groupes terroristes, ou encore les réfugiés...
Il veut aussi obtenir des informations d'une extrême précision sur les forces armées, « les détails des installations militaires comme les bases aériennes et les camps de soldats, les équipements militaires, dont le nombre, le statut opérationnel, et leurs activités d'acquisition/rénovation ».

Ennemis et rivaux

Dans le domaine militaire, les agents sont priés de fournir des détails sur les relations des pays de la région avec d'autres pays étrangers, « en particulier la Chine, la Libye, le Soudan, la Corée du Nord, l'Iran, la Russie, l'Ukraine, la Biélorussie et les autres ex-pays du bloc soviétique ».
Cette préoccupation face à ses rivaux ou ennemis dans la région transparaît à d'autres niveaux. On s'intéresse ainsi aux « détails du commerce, de l'aide et des investissements » de Pékin, en particulier dans le secteur des mines. Mais aussi à ses aides concernant la mise en place de systèmes de télécommunications ou encore à la perception qu'en ont les gouvernements de la région.
Les activités de la France ou encore de l'Iran dans la région sont aussi étudiées de près.
Dans le secteur des mines, « le diamant, le cuivre, le cobalt et l'uranium », dont on veut connaître « le nombre, les emplacements, les statistiques de productions et les revenues générées », sont sous surveillance.
Washington cherche aussi à savoir dans quelle mesure les divisions « ethnique, tribale, religieuse et régionale pourraient attirer les groupes terroristes régionaux » et quelles sont les opinions des gouvernements à leur égard.
Plus étonnant, les Américains veulent connaître les sentiments des gouvernements de la région envers la « nourriture génétiquement modifiée et la propagation de récoltes génétiquement modifiées. » L'économie d'un pays n'est jamais totalement détachée de ses objectifs en matière de renseignement...

Monday, November 29, 2010

RDC: Des alliances contre nature se nouent au Kivu

Autour de Goma, les immenses camps, où voici un an s’entassaient plus d’un million de déplacés ont cédé la place aux pâturages. Sur la route menant vers le « Grand Nord », Rutshuru et au-delà, les barrières militaires et autres péages ont disparu ; le maire de la ville, Roger Rachidi, s’efforce d’abattre les plus illégales des maisons ; les conflits fonciers ont remplacé les affrontements militaires et l’Union européenne se prépare à investir 40 millions de dollars dans la réfection du réseau routier de Goma et Bukavu. L’heure est à la paix, à la reconstruction, et cependant, il n’est question que de bruits de bottes, de nouveaux recrutements militaires, d’alliances contre nature. Une fois de plus, les cartes vont-elles être rebattues, les armes parler à nouveau ?
Il apparaît en effet que l’opération « Amani Léo », où les forces gouvernementales s’étaient donné pour but, voici un an, de venir à bout des rebelles hutus des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda), s’est soldée par un échec et qu’elle est virtuellement terminée. Certes, de nombreux Hutus ont été désarmés et ramenés au Rwanda, Caritas estime que le nombre total d’enfants soldats ne dépasse plus les 2000, la pacification de la province a progressé. Mais des éléments imprévus sont apparus. Rappelons que, début 2009, à la suite d’un changement d’alliances qui surprit tout le monde, les présidents Kagame et Kabila décidaient d’enterrer la hache de guerre ; Laurent Nkunda, le rebelle tutsi qui avait failli prendre Goma, était arrêté par les Rwandais puis placé en résidence surveillée tandis que son adjoint, Bosco Ntaganda, « retourné » par les forces gouvernementales, se retrouvait placé à la tête de l’opération militaire Amani Léo.
Bosco Ntaganda, accusé de nombreux crimes de guerre, fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, mais, malgré les protestations, le président Kabila l’a chargé de poursuivre les rebelles hutus. A ses côtés, les troupes du CNDP, (Conseil national pour le développement et la paix), le mouvement que dirigeait Nkunda, ont été réintégrées dans l’armée sans autre forme d’examen.
Depuis lors, la roue a tourné : les hommes du CNDP, protégés désormais par la bannière gouvernementale, se sont enfoncés loin des zones frontalières et des collines du Nord Kivu où ils s’étaient cantonnés jusque là. S’enfonçant au cœur de la forêt, ils ont pris le contrôle des zones minières du côté de Walikale, source de bénéfices importants, qu’ils partagent tacitement avec d’autres groupes armés, des Congolais ou même des Hutus rwandais !
En outre, au Nord comme au Sud Kivu, des « alliances contre nature » sont apparues : certains groupes du CNDP, parmi lesquels des partisans de Nkunda et des militaires venus du Rwanda, se sont révélés hostiles au président rwandais Kagame et disposés à rejoindre les deux principaux opposants de ce dernier, les généraux Kayumba Nyamwasa et Patrick Karegeya. Ces derniers, réfugiés en Afrique du Sud où le premier a fait l’objet d’une tentative d’assassinat, lancent des appels à la dissidence et tentent de recruter des troupes. Ces deux officiers, cependant considérés comme des « Tutsis purs et durs » et de tendance monarchiste auraient réussi à convaincre des Hutus réfugiés au Congo de rejoindre leur combat contre Kagame !
Sur le terrain, les Congolais, stupéfaits, ont constaté ces derniers mois que des Rwandais, Hutus et Tutsis, qui étaient censés se combattre, ont conclu d’étranges alliances. Kigali, très attentif à ce nouveau risque de déstabilisation, a envoyé à Kinshasa son ministre de la Défense James Kabarebe pour discuter des mesures à prendre et à Goma, plusieurs personnalités qui étaient proches de Nkunda et auraient pu soutenir la rébellion en gestation ont tout simplement été assassinées.
Selon certaines sources, 400 militaires rwandais auraient même franchi discrètement la frontière au dessus de Goma, pour préparer une opération punitive contre cette coalition d’opposants.
Minée par ce retournement d’alliances, par la transformation de certains militaires en exploitants miniers, par la corruption des officiers qui se font construire de belles maisons avec les soldes de leurs troupes l’Opération Amani Léo n’existe virtuellement plus. L’armée régulière souhaiterait régler une fois pour toutes le problème des transfuges venus du CNDP en faisant d’eux des militaires du rang et en les affectant ailleurs dans le pays.
Dans ce but, les militaires européens d’Eusec (la force européenne qui appuie la réorganisation de l’armée) ont mis au point des fiches biométriques, ils distribuent cartes de service informatisées et nouveaux uniformes : tout ceux qui en seront dépourvus seront automatiquement considérés comme des hors la loi.
Mais les soldats tutsis du CNDP renâclent : certains craignent d’être dispersés dans le pays (« nous avons peur de perdre notre cohésion, notre force de frappe » nous explique l’un d’entre eux) tandis que d’autres refusent que soit interrompu leur juteux business minier ou la préparation de nouvelles opérations. C’est dans ce contexte tendu que de nouveaux recrutements sont relevés à Kitchanga, l’un des fiefs du CNDP et que l’insécurité s’est déplacée vers le Nord de la province, du côté de Lubero, de Beni, de Kayabayonga où un curé, qui récoltait des armes afin de tenter de pacifier la région, a été abattu à bout portant. L’évèque de Beni a publié un communiqué alarmant, dénonçant la violence croissante dans la région.
D’autres alliances contre nature, dirigées contre Kigali et Bujumbura, se nouent également au Sud Kivu : ici aussi les dissidents rwandais Kayumba et Karegeya recrutent parmi les Hutus et les Tutsis, ils sont soutenus par le FNL, (Forces nationales de libération) un mouvement extrémiste hutu du Burundi qui a repris le maquis sur la frontière congolaise et aussi par un mouvement composé de Tutsis des haut plateaux, le FRF (front révolutionnaire et fédéraliste).
« A peine avions nous commencé à réduire et à intégrer nos propres groupes rebelles que la donne, une fois de plus, a changé » commente un officiel congolais «des opposants au régime de Kigali et à celui de Bujumbura viennent se réorganiser chez nous » Sans surprise, les services de sécurité des trois pays multiplient les réunions et les populations de l’Est du Congo, une fois de plus, se demandent si elles ne vont pas faire les frais d’une guerre menée sur leur sol par des étrangers…

Source: Carnet de Colette Braeckman, du 29 novembre 2010

GREATLAKES REGION: Les extraits de « Carnages, guerres secrètes des grandes puissances en Afrique »

Libreville – Dans cet article, nous vous proposons de lire les extraits du livre de Pierre Péan « Carnages, guerres secrètes en Afrique ».
Une version tronquée de l’histoire des Grands Lacs

Plus de 8 millions de morts ? Qui en parle ? Depuis la fin de la guerre froide, la région des Grands Lacs est devenue celle de la mort et du malheur dans une indifférence quasi générale. Avec 2 millions de Rwandais exterminés en 1994 à l’intérieur du Rwanda (1), plus de 6 millions de morts rwandais et congolais dans l’ex-Zaïre, des centaines de milliers de Soudanais tués, de nombreuses victimes ougandaises, plus de un demi-million de morts angolais, des millions de déplacés, quatre chefs d’Etat et des centaines de ministres et autres dirigeants assassinés, des dizaines de milliers de femmes violées, des pillages éhontés, cette zone a le triste privilège d’avoir subi plus de dommages que ceux additionnés de toutes les guerres intervenues de par le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, les médias, dans leur très grande majorité, n’ont parlé, ne parlent et ne pleurent que les centaines de milliers de victimes tutsies du Rwanda, dénoncent les Hutus comme seuls responsables directs de ces boucheries, et les Français, qui les auraient aidés dans leur horrible besogne, faisant de François Mitterrand et d’Edouard Balladur des réincarnations d’Hitler, et des soldats français, celles de Waffen SS. Une version officielle, affichée non seulement par Paul Kagamé, l’actuel président du Rwanda, mais également par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), le bras justicier de la communauté internationale, et par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la majorité des autres pays…

Les gardiens de la vérité officielleConvaincu par mes enquêtes que Paul Kagamé, l’actuel chef d’Etat du Rwanda, avait commandité l’attentat contre l’avion qui transportait son prédécesseur – attentat qui déclencha en avril 1994 le génocide des Tutsis et des massacres de Hutus -, quand il était attribué aux extrémistes hutus, je décidai en 2004 de chercher à comprendre ce qui s’était réellement passé. Je découvris rapidement l’incroyable désinformation qui avait accompagné la conquête du pouvoir par Paul Kagamé, et les moyens mis en œuvre pour décourager ceux qui seraient tentés de s’opposer à la doxa. Des moyens qui ressemblent fort à des armes de destruction massive : grâce à une analogie abusive entre le génocide des Tutsis et la Shoah, les gardiens de la vérité officielle traitent les contrevenants de négationnistes, de révisionnistes, de racistes, voire d’antisémites.

[...] J’ai décidé de reprendre mon enquête et de l’étendre en l’insérant dans l’histoire de la région des Grands Lacs et de l’Afrique centrale, pour comprendre comment et pourquoi avait pu ainsi s’installer une version tronquée de l’histoire de la tragédie rwandaise. [...] J’ai travaillé à mettre au jour les actions – ouvertes et clandestines – des Etats-Unis, depuis les années 80, dans la région des Grands Lacs, visant à un nouveau partage des zones d’influence sur le continent africain, et le » scandale géologique » que constitue le fabuleux sous-sol du Zaïre, redevenu aujourd’hui Congo et convoité par tous. [...]

Contre-offensive impossible

Officiellement, à partir d’octobre 1996, le Zaïrois Laurent-Désiré Kabila a mené une guerre de libération en vue de chasser le président corrompu Mobutu Sese Seko. La réalité fut bien différente : Laurent-Désiré Kabila n’était alors qu’une marionnette de Kigali, de Kampala et de Washington. Une nouvelle boucherie, après celle du Rwanda, visant cette fois à exterminer les seuls Hutus ayant fui le Rwanda, déclarés » extrémistes » par la propagande, se déroula dans un silence assourdissant des principaux médias. Les services secrets français étaient parfaitement au courant que des forces spéciales américaines, les services secrets et des avions américains renseignaient les soldats rwandais et ougandais dans leur chasse aux Hutus dans l’immense Est congolais. L’exécutif français s’interrogea alors sur l’opportunité d’arrêter la marche de Kabila et de ses » parrains » sur Kinshasa. La désinformation efficace sur le rôle de la France en Afrique en général et au Rwanda en particulier rendait désormais impossible toute contre-offensive, qui aurait mis face à face Français et Américains. Jacques Chirac décida in fine de ne pas envoyer de forces spéciales françaises à Kisangani début 1997.

Chiffre fourni par le ministère de l’Intérieur rwandais en décembre 1994.

QUAND L’ARMÉE AMÉRICAINE PARTICIPE À LA TRAQUE DES HUTUS AU CONGO…Washington porte une lourde responsabilité dans ce qu’un pré rapport de l’ONU rendu public en août 2010 décrit comme un probable génocide commis en République Démocratique du Congo en 1996 et 1997. Pourquoi tant de diplomates, tant de militaires et d’agents secrets américains ont-ils été mobilisés pour parler d’une situation que les journalistes ne pouvaient directement appréhender ? Parce que la grande puissance américaine, celle qui, avec ses satellites, ses écoutes, ses hélicoptères et ses avions, aidait ceux qu’on nommait » rebelles « , mais qui, en réalité, étaient en très grande majorité des Rwandais ou des Ougandais, à localiser les prétendus » génocidaires » pour les liquider. Comment ne pas être révolté par la passivité, voire par la bienveillante sollicitude du Haut-Commissariat aux réfugiés ? Comment accepter la propagande officielle de l’époque, qui voulait que les Hutus n’eussent que ce qu’ils méritaient et que les Tutsis exerçassent là un légitime droit de revanche ? Alors que, justement, la version officielle de l’histoire, reçue et acceptée par la communauté internationale, est fausse ?

[...] Les services secrets français – Direction du renseignement militaire (DRM) et Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) – sont très avertis de ce qui se passe aux frontières du Kivu, fin octobre-début novembre 1996. Le camp de Kibumba dans la région de Goma est bombardé : quelque 200 000 réfugiés partent vers le camp de Mugunga. Le camp de Katale est attaqué à l’arme lourde, et Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, est pris par les » rebelles « . Les camps des alentours sont détruits, provoquant la fuite de 250 000 personnes à travers la forêt équatoriale vers Kisangani… Militaires et services ne se contentent pas des images satellite fournies par les Américains, sur lesquelles on ne voit pas de réfugiés ; elles ne donnent à rien voir qui corresponde aux informations qui leur remontent du terrain, par de nombreuses sources humaines. Début novembre 1996, un Breguet Atlantic localise des cohortes de réfugiés et rapporte des photos qui montrent deux hélicoptères américains, des Black Hawks.

Poker menteur entre Paris et Washington
Les espions français s’interrogent sur le rôle des bérets verts, les commandos des US Army Special Forces, lors des massacres qui ont suivi la prise de Bukavu, fin octobre 1996. Ils se demandent aussi quelle est l’origine des mitraillages aériens opérés de nuit contre les camps de réfugiés : » Cela pose de graves questions quand on sait que parmi les avions américains déployés figurait au moins un C-130 Gunship des forces spéciales, véritable canonnière volante. Que faisait-il là si, comme le disait alors le commandement américain, il s’agissait seulement de rechercher des réfugiés pour étudier ensuite les moyens de leur porter assistance ? »

Malgré ce questionnement sur le rôle ambigu de Washington, pas plus l’état-major que les politiques français n’envisagent une quelconque action sans les Américains ou, à plus forte raison, contre eux. Mais la » forte dégradation de la situation humanitaire » entraîne les uns et les autres à envisager dans les plus brefs délais une opération militaire multinationale dans le Kivu, tout au moins à en émettre l’idée. Le Centre opérationnel interarmées (COIA) est chargé par l’état-major d’en définir les contours possibles. Le 5 novembre, une note signée de Jean-Pierre Kelche, major général de l’état-major, arrive sur le bureau du ministre de la Défense, Charles Millon : » L’effet majeur d’une opération militaire au Kivu visera à stabiliser les réfugiés dans une zone dégagée de forces constituées. » Les rédacteurs estiment indispensable la participation de pays européens (France, Espagne, Belgique, Allemagne et Grande-Bretagne), mais soulignent qu’un » commandement centralisé (préconisé) devrait être proposé aux Américains dont la présence au sol garantirait la neutralité rwandaise « . » L’action militaire sera limitée à une sécurisation de zones, au profit des organisations humanitaires. » Le général Kelche envisage un déploiement de 1 500 à 2 000 hommes.

Le lendemain, lors d’un conseil restreint de défense, Jacques Chirac accepte les propositions du COIA, et insiste sur l’implication américaine, c’est-à-dire que » la France interviendra si les Américains interviennent avec du personnel au sol « . Et, quant à la nationalité française ou américaine du commandement de l’opération, le président n’a pas de préférence. Après le fiasco politico-médiatique, deux ans plus tôt, de l’opération » Turquoise « , il n’est pas question pour la France de se lancer seule dans une telle opération… Immédiatement après ce conseil restreint, diplomates et militaires prennent langue avec les Américains. [...] Les Français s’aperçoivent vite que les Américains, malgré quelques bonnes paroles, jouent déjà une autre partition. Si le général George A. Joulwan promet de mettre à disposition des C5 Galaxy pour projeter, si nécessaire, matériels et hommes vers le Kivu, les interlocuteurs des Français refusent d’engager leurs troupes sur le terrain. Paris et Washington ont déjà commencé une partie de poker menteur. Alors que, sur le terrain, les acteurs rwandais, ougandais et américains ont parfaitement conscience de mener un combat indirect contre Paris, les contacts entre diplomates et militaires à Washington, Paris ou Stuttgart se déroulent entre gens de bonne compagnie.

[...] Le Monde du 8 novembre 1996 résume ainsi la situation : » La France a du mal à convaincre l’ONU de l’urgence d’une intervention au Zaïre. » Elle a du mal parce que Washington et ses alliés africains ne veulent pas que la France revienne dans la région et contrarie leurs plans, mais Paris veut croire qu’il a encore la main. Pour ne pas s’opposer frontalement à la France, Washington monte alors une opération astucieuse destinée à enterrer le projet sans pour autant se mettre à dos l’opinion publique : elle consiste à demander au Canada de constituer cette force, d’en réunir les éléments et d’en déterminer les règles… Commence alors une grande agitation qui n’est qu’un leurre. Politiques et militaires français n’ont pas compris tout de suite que l’opération lancée par le Premier ministre canadien Jean Chrétien à la demande des Américains ne vise qu’à enterrer le projet de Chirac et à laisser les mains libres aux Américains, ainsi qu’à leurs marionnettes rwandaises et ougandaises dans la région des Grands Lacs. Pendant quelques jours, l’état-major croit à l’acceptation d’un déploiement d’une force franco-britannique sous commandement canadien dans la région sud du Kivu. A preuve, une mission de reconnaissance effectuée par des militaires britanniques, sous le commandement du brigadier général Thomson (Royal Marines), avec trois officiers français, dirigés par le colonel Philippe Tracqui, qui est le numéro 2 du Centre opérationnel de l’armée de terre (Coat). Dès le début, Tracqui et ses deux compagnons ont compris que quelque chose ne collait pas. [...] Le rapport de Tracqui, daté du 21 novembre, lève les dernières interrogations sur la place désormais accordée à la France dans les Grands Lacs et sur les manoeuvres américaines. » Les Américains sont tout à fait opposés à une action militaire au Sud-Kivu « , écrit Tracqui. [...]

Thomson a donné à Tracqui un mémorandum du général Smith, rédigé le 16 novembre à Entebbe, qui dévoile la position américaine. » Depuis vingt-quatre heures, la situation s’est arrangée, tout va bien à Goma, et la nature des besoins humanitaires s’en trouve changée. Bien qu’il ne soit pas encore possible d’apprécier exactement le nombre total des réfugiés qui vont rentrer ou ceux qui auraient l’intention de le faire dans les prochains jours, il est clair qu’il n’existe plus en ce moment de crise humanitaire justifiant une action militaire d’urgence « , écrit le général américain qui ne réclame donc aucun moyen supplémentaire. [...] Le soir de ce 16 novembre 1996, à Entebbe, le général américain Smith dirige une réunion de planification à laquelle participe le lieutenant-colonel Pouly, de la Direction du renseignement militaire française. Pouly [...] sait que la situation décrite par l’Américain est fausse. Il ose prendre la parole après le général américain et lui fait remarquer que son appréciation de la situation ne fait aucun cas des 700 000 réfugiés et 300 000 déplacés du Sud-Kivu.

Le numéro 2 du Coat rapporte toutes les informations fournies par Pouly, le meilleur spécialiste militaire français de la région des Grands Lacs. Pouly est convaincu que » les Américains présents dans la région des Grands Lacs, qu’il s’agisse des diplomates de Kigali ou des militaires isolés à Entebbe, ne souhaitent aucune présence dans la région « . Il a noté » l’existence à Kigali d’une importante mission militaire de coopération américaine qui a compté jusqu’à 50 personnels. Elle s’occupe de la formation militaire de l’APR [l'Armée patriotique rwandaise], fait de l’instruction de déminage, de la formation à l’action psychologique avec des spécialistes appartenant au 4e bataillon de Fort Bragg, notamment pour ce qui concerne les opérations de propagande liée à l’organisation des retours « . L’espion français a appris que » les équipes psyops américaines, chargées des opérations psychologiques, c’est-à-dire d’influencer l’opinion, sont en place et opèrent à partir de Kigali, depuis trois mois « .

L’initiative de la France pour venir en aide aux réfugiés rwandais a été brisée dans l’oeuf, au grand soulagement des Etats-Unis, du Rwanda et de l’Ouganda. Décrédibilisée par l’action de tous les psyops rwandais et américains relayés par les porte-voix occidentaux du Front patriotique rwandais, le parti du président Kagamé, et par la plupart des médias, y compris par de nombreuses bonnes âmes françaises, la France n’a rien pu faire pour stopper les massacres de masse organisés de Hutus. Les massacres vont donc pouvoir se poursuivre, après l’enterrement sans fleurs ni couronnes de la force multinationale.

Quelques notes subtilisées aux services secrets ougandais et rwandais montrent même un engagement américain et britannique beaucoup plus accentué. Les moyens qui ont été mis en oeuvre sont énormes. Un réseau ultramoderne de satellites espions (intelligence communication network), couvrant la zone de Kigali à Brazzaville pour recueillir, contrôler et neutraliser toutes les informations en langues française et locales, a bien été déployé pour le compte des Américains, des Britanniques et des Ougandais.

Pas d’objection à l’ » anéantissement «

Selon les documents ougandais et rwandais, des avions américains seront spécialement affectés à la traque des Hutus qui se cachent dans les forêts (Report 678 ref 567/JL/RW/UG) : » Il a été conclu que les forces aériennes américaines enverront 3 P-3 Orion Propeller Planes à Entebbe. Ils opéreront pendant la journée d’Entebbe au Zaïre, à la recherche des Hutus qui se cachent dans les forêts. Les avions seront équipés de trois équipements [il s'agit en réalité de trois spécialistes chargés de contrôler une cinquantaine d'ordinateurs] destinés à traquer les mouvements des gens sur le terrain. » Concoctés par Paul Kagamé, les plans d’attaque et de démantèlement des camps de réfugiés hutus dans l’ex-Zaïre sont présentés aux Américains pour approbation, comme le montre une note (Plan 67 ref 67/JL/RW/ZR) : » Les plans visant à attaquer les Hutus dans l’est du Zaïre ont été finalisés. Octobre et novembre 1996 sont les meilleurs mois pour l’opération. L’ONU sera engagée dans le processus de fournir les prochaines livraisons de vivres et nous saboterons ce processus. » Une réunion entre services ougandais et rwandais (Crisis 80/L ref 78/RW. Doc) définit le modus operandi d’une action dans laquelle 30 soldats rwandais vont monter une attaque déguisés en miliciens hutus : » Il y a besoin de liquider les Hutus Interahamwe [miliciens impliqués dans le génocide de 1994] dans l’est du Zaïre. Nous avons pénétré les camps de réfugiés de Katale et Kahindo. Nous allons aider le Rwanda à exécuter l’opération afin de forcer l’ONU à fermer les deux camps. Opération : 30 soldats de l’APR vont déclencher une attaque contre les autochtones zaïrois en se faisant passer pour Interahamwe. On procédera à la destruction de leurs propriétés. Une attaque similaire avec armes à feu sera mise en oeuvre aux heures de nuit au Rwanda. Le gouvernement du Rwanda devra alors se plaindre auprès de l’ONU. Si l’ONU est lente à réagir, une opération sans annonce préalable se perpétrera alors et anéantira toutes les milices hutues se trouvant dans ces camps. L’opération d’anéantissement est approuvée sans aucune objection. »

Les dates d’un conflit

1994, premier génocide.Le 6 avril, l’assassinat du président du Rwanda, Juvénal Habyarimana, met le feu aux poudres. Déclenchement du génocide contre la minorité tutsie et les Hutus modérés (800 000 morts). Venu de l’Ouganda, le Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagamé (Tutsi) conquiert le pays et le pouvoir. Devant l’échec de la communauté internationale, la France déclenche l’opération » Turquoise « . Des centaines de milliers de Hutus – dont certains responsables du génocide – fuient le pays vers le Zaïre, où ils s’entassent dans des camps.

1996-1997, second génocide.

La guerre se déplace dans l’est du Zaïre. Avec le soutien du Rwanda et de l’Ouganda, des Zaïrois menés par Laurent-Désiré Kabila renversent le président Mobutu. Le Zaïre devient la République démocratique du Congo (RDC). Des massacres de grande ampleur – le second génocide aujourd’hui évoqué – sont commis à l’encontre des réfugiés hutus. Les Américains empêchent, à deux reprises, une intervention française pour y mettre fin. La guerre va se poursuivre en RDC jusqu’en 2002. Elle aurait fait plusieurs millions de morts.


« Biens mal acquis » : Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique– Quelques jours après que la Cour de cassation française ait rendu son arrêt autorisant la relance de l’enquête sur les « biens mal acquis », Pierre Péan a lancé son livre « Carnages – Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique « , dont nous publions en exclusivité des extraits dans lesquels Pierre Péan révèle les guerres secrètes que se livrent les puissances occidentales à l’ombre des massacres, dans la région des Grands Lacs. Une cynique partie d’échecs d’où les Etats-Unis, aidés de la Grande-Bretagne et d’Israël, évincent peu à peu la France.
Peut-on cacher un génocide ? La question semble à peine croyable, et c’est pourtant celle qui se trouve au cœur du nouvel ouvrage de Pierre Péan, Carnages – Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique. Sur près de 600 pages, le journaliste français revient, avec de nombreuses révélations, sur les » guerres secrètes » en Afrique, en particulier dans la région des Grands Lacs. La thèse qu’il défend – et qui ne manquera pas de provoquer de vives polémiques – est qu’à la suite du premier génocide au Rwanda, en 1994, un second a été commis, en 1996-1997, par les victimes de la veille – les Tutsis – à l’encontre des Hutus réfugiés en République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre). Et que ces massacres, qui ont causé la mort de millions de personnes, se sont déroulés avec la bienveillance des Etats-Unis, quand ce n’est pas leur participation directe, comme le montrent les extraits que nous publions.

Une » question irrésolue «

Depuis 1994, la France est régulièrement accusée de complicité dans le génocide du Rwanda. Pierre Péan avait consacré en 2005 un premier livre – Noires fureurs, blancs menteurs (Fayard) – à la réfutation de cette thèse. Il renverse aujourd’hui carrément la table en accusant les procureurs d’être complices de massacres à grande échelle ! L’actualité sert sa thèse. Publié en août 2010, un rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme évoque pour la première fois de manière officielle, même si c’est avec les prudences diplomatiques d’usage, la possibilité qu’un second génocide ait bien été commis par les troupes du président rwandais Paul Kagamé et de ses alliés : » La question de savoir si les nombreux graves actes de violence commis à l’encontre des Hutus (réfugiés et autres) constituent des crimes de génocide demeure irrésolue jusqu’à présent. » En clair : on ne peut plus l’exclure ! Ce rapport a suscité la colère du Rwanda autant que la gêne chez ses alliés américains. Les soutiens français de Kigali – qui ne veulent connaître que les supposés crimes de l’armée française et les turpitudes de la politique de François Mitterrand – sont consternés.

Fidèle IsraëlPierre Péan, lui, jubile. Et cogne encore plus fort, au risque de prendre quelques mauvais coups. L’homme ne fait pas dans la dentelle. On lui doit des enquêtes journalistiques qui ont fait date : celle sur le passé vichyste de Mitterrand (Une jeunesse française, Fayard, 1994), sur le journal le Monde (la Face cachée du Monde, avec notre collaborateur Philippe Cohen, Mille et Une Nuits, 2003) ou plus récemment sur Bernard Kouchner (le Monde selon K, Fayard, 2009). Mais la grande passion de ce journaliste, né en 1938, est l’Afrique, un continent qu’il arpente depuis 1962. Carnages est une somme, celle de » Pierre l’Africain « , comme disent ses amis. Il y raconte le jeu des grandes puissances, Etats-Unis en tête, sur ce continent depuis la Seconde Guerre mondiale. Son propos est centré sur la région des Grands Lacs : Rwanda, Ouganda, Soudan, RDC… Une région regorgeant de minerais et de querelles ethniques, d’ambitions politiques et de massacres à grande échelle. Des millions de civils – personne ne connaît le chiffre exact – y sont morts en une quinzaine d’années. Ce qui révolte Pierre Péan, ce sont » les militants qui trient entre les bons et méchants morts, en usant du tamis de la repentance « , comme si les » maux d’Afrique ne s’expliquaient que par un seul mot : la France « . Cette France qui a été mise hors jeu par les Américains, à deux reprises, lorsque Jacques Chirac voulut déclencher une opération militaro-humanitaire pour venir en aide aux réfugiés (lire pages suivantes). Pierre Péan révèle par exemple comment les hommes de la DGSE infiltrés au Congo durent être rapatriés illico, sans doute à la demande de Bill Clinton.

La parution de Noires fureurs, blancs menteurs avait valu de sérieux ennuis à son auteur, tant il remettait en cause le consensus » droits-de-l’hommiste » au sujet du Rwanda. Homme de gauche, » j’étais devenu pour une fraction de l’élite française raciste, révisionniste, négationniste et antisémite « , confie-t-il. Des procès lui furent intentés, en France et en Belgique. SOS Racisme l’accusa d’ » incitation à la haine raciale « , son président, Dominique Sopo, expliquant qu’ » évoquer le sang des Hutus, c’est salir le sang des Tutsis « . Débouté en appel en novembre 2009, SOS Racisme s’est pourvu en cassation. Auprès de ses ennemis, le nouveau livre de Péan ne va pas arranger son cas. Non seulement il s’en prend au » trucage des chiffres des victimes » par le régime rwandais, mais il décrit en détail le rôle peu connu de l’Etat d’Israël dans cette région. L’Etat hébreu, fidèle allié de Kagamé – une alliance qui va au-delà des intérêts stratégiques bien réels des parties en présence et repose sur la vision d’une concordance symbolique entre la Shoah et le génocide de 1994. Critiquer le Rwanda reviendrait en quelque sorte à s’en prendre à la Shoah… » J’en vins à me demander s’il n’y avait pas un lien entre les attaques dont j’étais l’objet de la part de l’Union des étudiants juifs de France, de l’Union des patrons et des professionnels juifs de France et d’intellectuels comme Elie Wiesel, et l’intérêt géopolitique porté par Israël au Rwanda « , s’interroge Péan. L’enquêteur ajoute aujourd’hui une nouvelle pièce au dossier, en abordant la question du Soudan. Il établit un lien entre la volonté de l’Etat d’Israël d’affaiblir – en le divisant – le plus grand pays d’Afrique et les campagnes humanitaires, en France comme aux Etats-Unis, sur les massacres au Darfour. Voilà qui ne va certainement pas apaiser le débat… Mieux vaut donc juger sur pièces.

Né dans la Sarthe le 5 mars 1938, Pierre Péan est un journaliste d’investigation français. Il a publié une vingtaine d’ouvrages depuis 1975. Certains ont été des succès, comme TF1, un pouvoir, écrit en collaboration avec Christophe Nick, ou l’Argent noir ou encore Une jeunesse française – François Mitterrand, 1934-1947, qui a été son best-seller, et dont il a regretté certaines interprétations parues dans la presse, qu’il juge contraire à sa démonstration et beaucoup trop sévères pour François Mitterrand. Il s’en est expliqué dans Dernières volontés, derniers combats, dernières souffrances. Lire les extraits dans l’article suivant.

Author:  JEAN-DOMINIQUE MERCHET

FIN/INFOSGABON/CE/2010 Source : Centerblog.net

Source:Infos Gabon

Sunday, November 28, 2010

RDC: Fortunes et infortunes de JP Bemba: un témoignage personnel

Alors que les témoins se préparent à défiler au procès Bemba où ils décriront les atrocités commises par les troupes du MLC, qu’on nous permette d’évoquer quelques souvenirs personnels, datant des années 2002- 2003.
Jusqu’en 1998, Jean-Pierre Bemba était surtout un homme d’affaires issu du sérail mobutiste (son père, Bemba Saolona était le « patron des patrons » et il était considéré comme l’un des gestionnaires de la fortune de Mobutu) et lui-même avait été très proche du « Guide ». Ce passé de jeune homme privilégié, qui avait fait en Belgique de bonnes études d’économie, ne pouvait que nourrir l’hostilité quasi congénitale de JP Bemba à l’égard de Laurent Désiré Kabila, l’ancien maquisard venu de l’Est, l’irréductible adversaire de Mobutu.
C’est donc sans trop se forcer qu’en 1998, Jean-Pierre Bemba accepta de prendre la tête d’un mouvement politico militaire, le MLC, (Mouvement pour la libération du Congo) bien décidé qu’il était à chasser Kabila par les armes. A l’époque, le Rwanda et l’Ouganda qui avaient porté au pouvoir l’homme de la « zone rouge », le maquis que Kabila avait entretenu du côté de Fizi, étaient résolus à corriger leur erreur d’appréciation : ils avaient cru soutenir un pantin dont ils tireraient les ficelles, ils découvraient un politicien retors décidé à reconquérir son indépendance ! En août 1998, après avoir échoué à renverser Kabila lors d’un coup d’Etat éclair, les alliés d’hier entreprirent de soutenir des « proxies », des mouvements congolais alliés, qui allaient entamer la lutte armée et s’emparer de vastes portions du territoire : le plus puissant d’entre eux, le RCD Goma (Rassemblement congolais pour la démocratie) contrôla rapidement une vaste zone s’étendant du « grand nord » congolais jusqu’au nord Katanga tandis que le MLC, sans jamais réussir à s’emparer de Mbandaka la capitale s’empara de l’Ituri et de l’Equateur, installant son quartier général à Gbadolite, l’ancien fief de Mobutu.
C’est là qu’en 2002 nous avions brièvement rencontré Jean-Pierre Bemba. A l’époque, sa fortune avait changé, la guerre éclair s’était transformée en guerre de position, Kabila père avait été assassiné et remplacé par son fils Joseph. Ce dernier avait conquis les bonnes grâces des Occidentaux et s’efforçait de relancer les négociations de paix.
En outre, les alliés ougandais, qui, au début, avaient soutenu l’effort de guerre du MLC, militairement et financièrement, avaient pris leurs distances, les généraux proches de Museveni se contentant de contrôler les réseaux commerciaux. A Gbadolite, cette capitale plantée dans la jungle, où l’ancien palais de Mobutu avait été pillé et dépiauté, les cadres du MLC semblaient un peu seuls, rêvant, sans trop le dire, d’un jour retrouver le chemin de Kinshasa.
Les plantations de café, dont certaines appartenaient à la famille Bemba, n’avaient pas été relancées, la ville présentait une allure d’abandon. Les proches de Bemba, même s’ils tentaient de faire bonne figure, portaient des signes visibles d’appauvrissement, costumes élimés, chaussures usées ; certains d’entre eux semblaient malades et amaigris. Quant aux soldats, c’était pire encore : à tout moment, ils nous apostrophaient en rue, en disant « maman j’ai faim, donne moi de l’argent » et même les gardes personnels de Bemba semblaient affamés ! Ce fut d’ailleurs la première question que je posai au « chairman » lorsqu’il apparut : « pourquoi ne payez vous pas vos troupes ? » Il eut alors une réponse empreinte de morgue très mobutiste : « mais madame, ils sont ici par idéal. Si je les payais, vous diriez qu’ils sont des mercenaires… »
A l’époque, il était clair que les finances s’épuisaient, que les principales sources de revenu provenaient de la vente de diamants provenant de la province de l’Equateur, des diamants qui étaient mis sur le marché à Bangui, grâce à l’appui du président centrafricain de l’époque Ange Patassé. Ce dernier, certes, avait remporté les élections, mais il faisait face à l’hostilité des Français qui ne lui pardonnaient pas de s’être rapproché du colonel Kaddhafi et qui voulaient le remplacer par François Bozizé qui était, lui, soutenu par le président tchadien Idriss Deby.
Alors que la cavalcade militaire de Bozize et de ses alliés tchadiens commençait à l’Est du pays, Ange Patassé fit appel à son allié Bemba, lui demandant d’envoyer à Bangui un « corps expéditionnaire ».
Le président du MLC ne pouvait pas refuser ce service : depuis Gbadolite, Bangui représentait la seule porte de sortie vers le monde extérieur, le seul lieu où les diamants pouvaient être commercialisés, par où les délégations pouvaient transiter.
Des troupes du MLC furent alors mises à la disposition du président centrafricain, qui représentait l’autorité légitime dans le pays voisin ; des officiers du MLC, le colonel Hamuli et le colonel Mustafa, accompagnaient les troupes, dont ceux que l’on appellera plus tard « les Banyamulenge de Bemba » tous étant placés sous le commandement du chef d’état major centrafricain.
Lorsqu’après la défaite de Patassé et la victoire de Bozize, (qui allait plus tard être légitimé par des élections) nous découvrîmes Bangui ravagée par la guerre, les hommes de Bemba avaient laissé un souvenir de terreur : ce soldats, dont beaucoup étaient originaires de la province de l’Equateur, s’étaient comportés comme en terrain conquis, rattrapant soudain des années de privations et de disette. Ils avaient pillé, volé, massacré des civils, s’étaient emparés des femmes, les avaient violées et, aux yeux de la population, ils représentaient une force d’occupation honnie, qui ne respectait rien, pas même l’enceinte diplomatique de l’ambassade de France, où des exactions avaient été commises au vu et au su des diplomates présents.
Pendant que leurs troupes faisaient régner la terreur à Bangui, Jean-Pierre Bemba et ses compagnons songeaient à leur avenir politique : à Sun City en Afrique du Sud, les négociations avaient commencé, les cadres du MLC discutaient de la formule qui allait régir la transition, le « un plus quatre », où la présidence demeurait entre les mains de Joseph Kabila, tandis que Bemba et un représentant du RCD Goma se partageaient deux des quatre postes de vice présidents. Si à Sun City, le « chairman » n’avait rien perdu de sa superbe et demeurait convaincu de son destin national, ses compagnons de route étaient moins farauds ; désargentés, ils étaient obligés d’accepter la « générosité » des hommes de Kabila, qui, eux, disposaient d’un budget spécial destiné à « soulager » leurs “frères” et compatriotes. Dans l’ombre, de futures défections se préparaient ainsi discrètement et, loin des médiateurs internationaux, les Congolais mettaient en place leurs propres arrangements.
Peut-on imaginer que Bemba, qui, entre Gbadolite et Sun City, négociait la fin de la guerre, la réunification du pays et songeait surtout à garantir son futur poste de vice président en charge de l’Ecofin (économie et finances), se souciait de donner des ordres à ses troupes détachées à Bangui, suivait leurs mouvements jusqu’à être tenu pour responsable de leurs crimes ? C’est ce que le procureur Moreno Ocampo devra démontrer.
En attendant, les officiers qui encadraient le corps expéditionnaire du MLC ont été incorporés dans les Forces armées congolaises, le chef d’état major centrafricain ne fait l’objet d’aucune inculpation, pas plus que l’ex président Ange Patassé.
L’établissement de la chaîne de commandement est un thème suivi avec passion au Congo, où les exemples d’atrocités commises par des « corps expéditionnaires » étrangers ne manquent pas : les Angolais firent régner la terreur dans le Bas Congo lorsqu’ils intervinrent en août 1998, pratiquant viols et pillages, Rwandais et Ougandais en 2000, se disputant le contrôle des comptoirs de diamants, firent tomber une pluie de bombes sur Kisangani, tandis que les atrocités commises dans l’Est du Congo par des troupes sous commandement rwandais ont alimenté le fameux « mapping report de l’ONU », dont on se demande toujours quelle suite lui sera donnée…

Source: Carnet de Colette Braeckman, du 25 novembre 2010

Thursday, November 25, 2010

RWANDA: A QUAND LE RETOUR du ROI KIGELI?

Boniface Benzige, secrétaire particulier du Roi Kigeli Ndahindurwa a dit que ce dernier n’a pas pu retourner au Rwanda cette année comme il l’avait annoncé d^u aux problèmes non encore résolus.

Boniface Benzige qui vit aux USA a été l’invité de BBC GAHUZAMIRYANGO et a réiteré que le roi Kigeli compte rentrer au Rwanda mais le calendrier du retour n’est pas encore connu.

Pour le moment, il n’y a pas de négociations officielles entre le roi et le gouvernement rwandais a renchéri Boniface Benzige mais qu’il voudrait bien rentrer au bercail, en tant qu’ un roi reconnu par le gouvernement rwandais.
Il a enfin précisé que Kigeli voudrait que  son problème de   royauté  soit décidé par les rwandais eux-m^emes par la voie du référendum par example.

Source: BBC, GAHUZAMIRYANGO, du 25-11-2010

Bruit de bottes à l’Est: Inquiétante reconstruction du CNDP

En poursuivant ses revendications relatives à l’accord de Goma, le CNDP nargue le gouvernement. Bien plus, quand il déclare être un «serpent à plusieurs têtes», le CNDP fait cette fois une déclaration de guerre. Il met à nu sa forte capacité de nuisance basée sur sa reconstitution en groupe armé malgré les défections enregistrées dans ses rangs au bénéfice de Kinshasa.

La pacification des provinces de l’Est de la RDC demeure une gageure. Le processus amorcé depuis de longues années est de temps en temps torpillé par des acteurs qui se comptent parmi les signataires de différents accords de paix aussi bien sur le plan international, national que local.

Au nombre de ces acteurs réfractaires au processus de paix figurent les FDLR et l’ex-CNDP. C’est à se demander s’il faut continuer à le qualifier d’ex-mouvement rebelle au vu de la situation qui prévaut actuellement sur le terrain.

Rebelles rwandais dont certains membres sont réputés génocidaires, les FDLR sont toujours actives au Nord-Kivu et Sud-Kivu où ils poursuivent leurs exactions sur fond de massacres des populations civiles. Leur activité donne du fil à retordre aussi bien aux FARDC qu’à la Monusco. Cela malgré le retour au Rwanda de quelques milliers d’entre eux dans le cadre du programme DDRRR.

Donnés pour intégrés dans les rangs des forces loyalistes (FARDC), les soldats du CNDP ont évolué pendant longtemps sous un statut particulier qui pose problème aujourd’hui. La question qui se pose est celle de savoir si jamais il y a eu l’intégration réelle de l’ex-mouvement rebelle issu de l’ex-RCD mouvement rebelle.

A ce sujet, des observateurs avisés laissent entendre qu’il ne s’était agi en fait que d’une esquisse qui en est restée là. Les soldats du CNDP ont été dispensés du brassage au profit d’un mixage aux contours flous. Qu’est-ce à dire ? Que le groupe armé a gardé intactes sa puissance de feu et ses hommes. Faut-il rappeler que les militaires du CNDP ont rejeté énergiquement leur permutation en dehors du Kivu.

Signataire des accords de Goma, le CNDP a fait semblant de collaborer avec les autorités provinciales et nationales tout en se cramponnant aux clauses qui lui étaient favorables dans lesdits accords. Cela jusqu’au jour où, parti pour Kinshasa aux fins d’obtenir gain de cause, son secrétaire exécutif, Kambasu Ngeve, a annoncé sa démission.

Cette démission a été une occasion de cerner la véritable nature du CNDP. « Kambasu est parti ; il était libre de partir. Le CNDP est un parti politique à géométrie variable,c’est un serpent à plusieurs têtes », a déclaré son porte-parole, Me Mahamba Kasiwa. En déclarant que son parti est une hydre, ce dernier non seulement nargue Kinshasa mais fait une déclaration de guerre.

On l’a vu, le CNDP a survécu au départ du général Laurent Nkunda et autres Kamanzi ; signant l’entrée en scène du général Bosco Ntaganda contre qui court un mandat de la CPI.

Des sources fiables indiquent qu’il existerait actuellement une forte dissension entre les soldats pro-Nkunda et pro-Bosco sur le terrain. Les troupes de Bosco craindraient d’être attaquées en vue d’obtenir l’arrestation de leur leader devenu de plus en plus encombrant pour Kinshasa et Kigali.

Or, d’autres sources estiment que Kigali ne pourrait pas se permettre de fragiliser Bosco qui sert non seulement de barrière à l’avancée des FDLR+Alliés vers ses frontières mais également de partenaire dans le business des minerais au Nord-Kivu.

A tout prendre, l’attitude du CNDP montre qu’il est sur le pied de guerre. C’est un signal fort à l’endroit de Kinshasa qui doit lire les signes des temps. En outre, la déclaration du CNDP de se reconstituer de manière automatique- militairement parlant- procède d’un plan de poursuite de la déstabilisation de l’est de la RDC en combinaison avec d’autres groupes armés nationaux et étrangers.

La Monusco a été la première à dénoncer ce plan. Raison pour laquelle elle a lancé une opération dénommée « Protection shield » (bouclier de protection). Les zones à protéger sont entre autres Minembwe, Fizi et Uvira.

Dans un communiqué rendu public le 23 novembre 2010, la Monusco révèle que l’opération « Protection shield » fait suite à l’augmentation observée des activités d’un certain nombre de groupes armés nationaux et étrangers. L’objectif visé est de neutraliser les groupes armés, en prévenant leur infiltration, leur ravitaillement à partir notamment du lac Tanganyika.

 
Source: Le Potentiel, du 25/11/2010

A l’issue de son point de presse hebdomadaire : La MONUSCO dresse la dernière situation sécuritaire en RDC

La Mission des Nations Unies pour la stabilisation de la RD Congo (MONUSCO) a tenu hier mercredi 25 novembre, son point de presse hebdomadaire en son quartier général. Parmi les informations mises à la disposition des journalistes de Kinshasa par le bureau du porte-parole et des relations avec les médias, il y a lieu de souscrire également la situation militaire qui prévaut actuellement à travers la Rd Congo. Ainsi, ce sont plus les situations de la Province Orientale, du district de l’Ituri ainsi que des provinces du Nord et Sud Kivu qui ont été intéressantes.
En Province Orientale, l’on indique que les rapports ont continué de signaler des attaques dont seraient responsables les rebelles de l’Armée de Resistance du Seigneur (LRA) dans la région de Bangadi-Ngilima-Niangara y compris des enlèvements. Toutefois, explique la source, l’opération conjointe spéciale menée par les Forces armées de la RD Congo (FARDC) et les Forces de défense du peuple ougandais (UPDF) contre les éléments de la LRA à Ngilima, a connu un succès.
En Ituri, c’est plutôt le sud du territoire d’Irumu qui demeure toujours instable et connaît une certaine détérioration de la situation sécuritaire. La source affirme que des combats ont opposés les Fardc et les miliciens de l’Alliance des Forces démocratiques (ADF) à la frontière du district d’Ituri et de la province du Nord-Kivu. Des affrontements se sont également produits entres les forces loyalistes et d’autres rebelles du Front populaire pour la justice au Congo (FPJC). La MONUSCO fait savoir quant à ce que, dans l’effort de protéger les populations locales, les Fardc ont rétabli deux de leurs postes sur l’axe Bunia-Bogoro le 14 novembre2010. Ce, en réponse aux préoccupations sécuritaires exprimées par les populations locales suite aux récentes activités des miliciens FPJ autour de Chekele. La situation a été encore préoccupante au Nord-Kivu où les éléments des Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) ont été relativement actifs durant la semaine dernière. La source informe qu’une embuscade contre un camion civil à Ntoto a provoqué un grand nombre de victimes dans la région de Walikale. Elle indique par rapport à cela que la Force de la Monusco a apporté son soutien pour l’évacuation des blessés après cette embuscade.
Toujours au Nord-Kivu, la brigade de la Monusco a rapporté le 16 novembre 2010, la présence d’environ 100 éléments des Patriotes résistants congolais (PARECO) à Buniyatenge, et d’autres pourraient encore les réjoindre. D’après cette même source, l’une des premières conséquences de cette présence est l’augmentation du nombre des déplacés dans la région de Masereka. Des rapports ont également signalé le regroupement de rebelles Fdlr à Masisi.
Au Sud-Kivu, nous apprenons que la situation sécuritaire s’est améliorée de manière significative la même semaine dernière. Particulièrement dans les territoires de Shabunda et de Fizi-Itombwe. Cependant, renseigne la source onusienne, quelques activités des miliciens Fdlr ont été signalées dans la région de Bunyakiri. Selon la Monusco, le regroupement signalé d’éléments Maï-Maï Yakutumba au sud de Lulimba constitue une source de préoccupation concernant la protection des populations civiles dans cette région. Sur une note positive, l’on signale que quelques redditions volontaires des combattants Fdlr ont été enregistrées la semaine passée.

Author:Lepetit Baende

Source:L'Avenir Quotidien, du 25/11/2010

Tuesday, November 23, 2010

RWANDA: Le Rwanda d’aujourd’hui

Si vous croyez que tout État africain est voué à la médiocrité, la saleté, la corruption, la mauvaise gouvernance, l’insécurité et à tous les fléaux d’incompétence et de nullité qui caractérisent l’Afrique, il faut visiter le Rwanda de Kagamé. Je viens de participer à une réunion internationale à Kigali et tous les délégués africains n’en croient pas leurs yeux. Tous s’émerveillent devant une ville africaine propre (littéralement à la suisse), sans trottoirs défoncés, ni détritus jonchant la chaussée. Une cité africaine desservie par de belles routes et larges avenues sans cratères béants, une voirie embellie de fleurs et de verdure ?

Je retire tout le mal que je me plaisais à opposer aux superlatifs burundais et africains encensant le Rwanda. Je mettais toute cette extase sur le compte de la propagande. Une jeune Congolaise venant de Kigali en transit à Nairobi me disait qu’elle n’en revenait pas et qu’elle regrettait que les troupes rwandaises aient quitté le Congo sans leur apprendre la discipline, la bonne gestion et la propreté. Bah ! Les jeunes filles sont impressionnables, me disais-je.

Une femme d’affaires kenyane, rencontrée en avion hoche de la tête de retour de Kigali. Elle est totalement impressionnée. Ses compatriotes ont bien compris. Deux mille professionnels kenyans exercent désormais leurs compétences dans tous les secteurs notamment l’hôtellerie. Le pays engage les hauts cadres par appel d’offres international car ils ne lésinent pas sur les moyens pour attirer les talents. Les grosses entreprises kenyanes y investissent. La chaîne kenyane de supermarchés Nakumatt y est installée. Un kenyan gère le superbe hôtel 5 étoiles Kigali Serena. Ses compatriotes dirigent les nombreux hôtels de Kigali avec tout le lot de cadres et techniciens spécialisés qui vont avec.

Le Burundi, doté par la providence d’une ville des plus belles au monde, avec une véritable mer intérieure qu’est le lac Tanganyika, une vue imprenable sur les montagnes bleues du Congo, ne reçoit aucun touriste pendant que des milliers visitent notre frère jumeau. Cette capitale Bujumbura, si elle n’était pas aux mains de Burundais, serait un bijou que le monde entier visiterait. Je ne connais aucune ville qui a autant d’atouts en termes de beauté. C’est la seule ville qui a l’air de respirer car ouverte sur un panorama saisissant. Les autres villes sont plates et l’on ne voit rien. La simple vue du lac et des majestueuses montagnes qui l’entourent et cela de tous les horizons de la cité vous saisit d’admiration. Le coucher et le lever du soleil sur Bujumbura sont des fêtes de la création divine.

Des avions atterrissent au Rwanda pleins. Lorsque votre vol transite par Kigali les aéronefs se vident d’un coup et les 3 ou 5 Burundais qui restent se demandent ce qui leur arrive. Il n’y a aucune industrie au monde qui rapporte autant que le tourisme en termes de revenus, de création d’emplois et d’effets induits sur tous les secteurs d’activité : agriculture, élevage, services, TIC, transport, métiers, artisanat etc. Le Rwanda a compris et exploite le créneau avec brio. Pendant ce temps, le Burundi regarde passer le temps en buvant de la bière. La principale activité nationale. Une bière produite par la seule et unique industrie dont il dispose. Peut-on développer un pays sans industries ni le commerce moderne des services comme le tourisme ?

Le Rwanda est premier en technologie de l’information et de la communication en Afrique subsaharienne. Tout le pays est déjà câblé par fibre optique et Internet sera bientôt à haut débit comme dans les pays développés. Il ne reste que la mise en service. Les enfants de l’école primaire disposent des fameux ordinateurs des pauvres à quelques dollars et ont accès à Internet dans tout le pays. Encore de la propagande avais-je coutume de dire. Je sors de l’aéroport à mon arrivée. Un groupe de 5 enfants sont recroquevillés sur leurs petits laptops (ordinateurs portables) tout absorbés à la manière des nôtres jouant aux billes dans la rue poussiéreuse. Je demande ce qu’ils font. Ils viennent chercher la connexion Internet sans fil. Vous trouvez en ville des centaines de gens penchés sur leur laptop à naviguer sur le web sans fil.

C’est maintenant que je comprends tout le prestige mondial dont jouit Kagamé. Pour une fois en Afrique, les leaders occidentaux ont en face un homme qui sort de la médiocrité africaine habituelle. Son prestige est tel que le brillantissime Tony Blair, ancien premier ministre britannique s’est porté volontaire pour servir de conseiller de Kagamé à l’investissement. Et les investisseurs viennent par centaines. Plusieurs grands hôtels sont en construction. Un Hilton est prévu pour bientôt. Un investisseur américain est en train d’ériger un immense centre de conférences ultramoderne. Les investisseurs chinois et indiens s’y bousculent.

J’ai tenu à envoyer la rétraction de mes propos peu avenants à un ami rwandais de Lusaka à qui je disais souvent lorsque je voyais des commentaires dithyrambiques sur le Rwanda et Kagamé : « C’est de la propagande. You are a police state ». Et lui rigolait et rétorquait : « Vous au Burundi, you are a « no state ». Je préfère, me disait-il, un « police state » comme le Rwanda à un « no state » comme le Burundi ». Après avoir visité le Rwanda, je pars avec des sentiments mitigés. Le choix n’est pas facile entre « a police state » qui apporte le développement, l’excellence et la modernisation de la société et un « no state » démocratique, où la liberté d’expression est totale mais qui vit dans une saleté repoussante, le culte de la médiocrité, sans imagination et sans aucun avenir de progrès pour ses millions de jeunes avides d’éducation, de métier et d’emplois ?

Pendant que le Rwanda vise la croissance par les services, la valeur ajoutée et les technologies de l’information et de la communication, avec comme modèle de développement l’ultra brillante Singapour, notre unique politique à nous, est de planter des avocatiers. Non à la suite d’un plan mûrement préparé de production industrielle à exporter, avec création de milliers d’emplois et de valeur ajoutée, mais juste pour le plaisir de dépenser toute l’énergie à planter des avocatiers chaque jour que fait le Seigneur. Mon souffre-douleur rwandais me disait que l’on connaissait les républiques bananières, le monde découvre désormais une république « avocatière ».

Le modèle de propreté à la rwandaise devrait être imité dans toute l’Afrique en général et au Burundi en particulier. Est-ce impossible d’imposer à la population de Bujumbura la propreté totale comme on le voit à Kigali. Pourquoi ne pas interdire de jeter des immondices sur la voie publique sous peine d’une lourde amende ? Pourquoi ne pas imposer la propreté et l’entretien impeccable des trottoirs aux propriétaires des immeubles et maisons ? Il faut une éducation tous azimuts à l’hygiène et à la propreté. Contrairement à l’opinion répandue, les Burundais ne sont pas des ploucs réfractaires à l’excellence. Nous pouvons aussi adopter les habitudes d’une société moderne qui répugne à la saleté et au désordre.

Le Rwanda exige désormais aux populations le port de chaussures et la propreté des habits pendant que nous le peuple sommes habillés de haillons et couvert de crasse sans que cela ne gêne personne. Dans mon quartier de Mutanga Nord, l’axe central en face de l’hôpital militaire est jonché d’un immense tas d’immondices qui ne gêne ni les passants, ni les voisins, ni les excellences qui montent au mont Sion se confier aux bonnes grâces divines et mariales. Les bureaux publics se trouvent dans une crasse indescriptible et personne n’y voit rien à redire.

Tout procède du leadership comme le montre Kagamé et son Rwanda. Lors d’un sommet à Kigali, les délégués ont vu Kagamé descendre ramasser quelques malheureux papiers qui traînaient dans la salle, et l’assistance en a été édifiée. Dans cette East African Community, il faut espérer que les frères modernes et organisés comme le Rwanda et le Kenya vont nous tirer par le haut pour cesser de continuer à nous vautrer dans la saleté, la médiocrité et le sous-développement.

Puisque nous n’avons pas encore la fibre de progrès, de l’amour du travail et des affaires, laissez ceux qui ont le sens des affaires et de la modernité venir investir chez nous et développer le pays malgré nous. Il suffirait de créer un climat des affaires favorable et vous verrez les Kenyans, les Rwandais, les Ougandais, les Indiens et les Chinois, déferler avec des investissements.

A Kigali, la sécurité me dit-on est totale à toute heure de la journée et de la nuit. La police et l’armée patrouillent toute la nuit et les gens circulent en toute sûreté jusqu’au matin. Chez nous, la police elle-même constitue le danger de mort et de vol. Les gens et les taxi- motos circulent sans peur à toute heure de la nuit. Les touristes aiment cette ville au climat si doux, cette sécurité, la propreté de la ville, l’accès à Internet sans fil sur tout le territoire. Sans oublier des filles belles à damner même un saint homme comme moi. Ce qui ne manque pas d’attirer les touristes.

Kagamé pourra partir après le prochain septennat (si le virus Museveni de perpétuation au pouvoir ne l’infecte pas) mais il aura imprimé la voie à suivre pour tout État africain qui voudrait se moderniser. Il restera dans l’histoire comme Houphouët-Boigny qui a construit de rien, un État moderne et prospère avant que ses successeurs ne viennent détruire son œuvre de toute une vie. Là où Kagamé diffère de Houphouët, c’est qu’il n’a aucun complexe vis-à-vis des blancs comme le reste des Africains. Ce qui nous maintient dans l’éternelle dépendance néocoloniale. Le général qui a battu les Français sur le champ de bataille n’a aucun complexe envers les blancs.

Kagamé a de redoutables ennemis mais comme disait mon taxi, même ses détracteurs ne reviennent pas des progrès enregistrés en dix ans seulement. La haine imprègne toujours les tenants du nazisme tropical dont un me disait au Malawi que le prochain génocide sera pire que le précédent. Comme si l’apocalypse de 1994 ne leur a rien appris. La haine est plus forte que le bon sens. Les nostalgiques politico -missionnaires belges et français du nègre genre « Il-y-a-bon-banania » ou Tintin au Congo le détestent cordialement car le général Kagamé crève tous les mythes sur le nègre sale, paresseux et sans imagination.

Au lendemain de la victoire de l’armée de Kagamé sur les forces génocidaires, le commandant des forces de l’ONU, le général Dallaire eut des mots prémonitoires : « si le FPR dirige le pays comme il a fait la guerre, le Rwanda va décoller économiquement ». 15 ans après, le Rwanda est un modèle africain de propreté, de genre (plus de parlementaires femmes que hommes), d’innovation économique, de technologie de l’information.

À la victoire du FPR en 1994, les généraux de l’OTAN eux se sont étonnés du génie de Kagamé au point que le commandant de l’OTAN d’alors dira que la stratégie victorieuse de Kagamé devrait être enseignée dans les écoles de guerre. On ne savait pas que cet homme était aussi un génie politique, économique et technologique.

Author:Chris Harahagazwe


Source: La Nouvelle Tribune (Bn), du 23/11/2010

RDC: Cour Pénale Internationale : quelle légitimité, quelle crédibilité ?

Avec l’ouverture du procès de Jean-Pierre Bemba à La Haye (Pays-Bas), la Cour pénale Internationale joue sa crédibilité mais surtout sa légitimité en tant qu’instance internationale des crimes contre l’humanité et autres de mêmes genres. Cet article, rendu en marge de la conférence de la CPI à Kampala par le Journal Le Pays, s’est concentré sur ce débat.

La nouvelle intéresse au plus haut point les nations africaines, et pour cause. Les Etats membres de la Cour pénale internationale (CPI) se sont réunis dernièrement à Kampala pour un bilan après huit années d’existence de l’instance judiciaire internationale.

En effet, fondée en 1998 par le Traité de Rome, la CPI est entrée en vigueur en 2002. Installée aux Pays-Bas, elle est à ce jour le premier tribunal international permanent chargé de juger des génocides, des crimes de guerres et des crimes contre l’humanité.

Pendant une bonne dizaine de jours, les représentants d’environ 80 pays ayant ratifié les statuts de Rome ont dressé le bilan de l’action de cette CPI dont, on se rappelle, le premier procès a commencé en 2009.

Fait d’importance et qui devra focaliser une bonne partie de débats, la conférence de Kampala visait à inclure dans le champ de la compétence de la CPI, le crime d’ « agression » d’un Etat contre un autre Etat. Les débats ont été houleux sur le sujet.

Le simple fait que ladite rencontre se tienne en terre africaine constituait à lui seul tout un symbole. Que l’on recense des «criminels » qui croupissent déjà dans les geôles du tribunal à La Haye, ou que l’on fasse le décompte de ceux sur qui pèsent les redoutables mandats lancés par le juge Luis Moreno O’campo et ses pairs, un constat s’impose, évident : les Africains constituent le plus grand contingent des criminels épinglés.

Les plus célèbres prisonniers africains de la Cour déjà sous les verrous sont, le Libérien Charles Taylor, les Congolais Jean-Pierre Bemba, Mathieu Ngudjolo, Thomas Lubanga. L’Africain le plus activement recherché en ce moment demeurant le soudanais Omar El-Béchir. Cela fait tout de même un beau paquet pour le même continent.

A sa décharge, la CPI rétorque qu’elle s’est saisie des dossiers incriminés à la demande expresse d’Etats signataires du désormais fameux Traité de Rome. Et que si la majorité des cas concerne le continent africain, ce n’est que pure coïncidence et non pas la manifestation d’un quelconque acharnement provenant de sa part. Dont acte.

Et, en toute justice, il faut reconnaître et concéder à la CPI qu’en matière de violation de droits de l’homme, le continent noir est celui qui, fort malheureusement, s’illustre bien tristement. Et il est normal, si on réclame justice, que la Cour puisse traquer ces criminels qui s’amusent à jouer les prédateurs des droits de l’Homme.

Seulement, on ne devrait pas s’en arrêter là. Car, pour droits de l’Homme, il se trouve que des pays - et pas des moindres - qui n’ont ni signé ni ratifié le Traité de Rome se servent de leur abstention pour violer ces mêmes droits de l’homme sans que pour autant la justice internationale, à ce jour, ne traduise un seul de leurs ressortissants au tribunal de La Haye. Comment peut-on l’expliquer ?

Le simple fait de ne pas être signataire dudit traité donne-t-il le droit de se livrer impunément à tous les excès ? On présume que non. Alors, il faut trouver des solutions idoines.

Ce n’est pas là, le seul problème de la CPI. Même les pays signataires de sa charte, lorsque vient le moment d’en appliquer le contenu, choisissent la voie facile de la feinte et de la dérobade. Le cas le plus patent en ce moment, est bien celui du président soudanais El-Béchir. L’immense majorité des pays de l’UA qui lui apportent leur soutien est pourtant signataire du Traité de Rome.

A ce jour, mis à part l’Afrique du Sud et le Botswana, El-Béchir peut se déplacer et se pavaner à loisir presque partout où il le voudra sur le continent africain. En toute impunité. C’est simplement hypocrite et incongru. On l’aura compris, de gros problèmes subsistent auxquels devront sans doute s’attaquer les pays signataires du Traité de Rome, qui, en ce moment, se retrouvent pour faire le bilan de la CPI, à Kampala.

La Cour, si tant est qu’elle souhaite s’occuper vraiment de faire rayonner la justice en refusant de la restreindre aux limites des frontières, si tant est qu’elle souhaite dire le droit sans qu’on ne puisse en dire qu’il est à la tête du client, aura le devoir de revoir ses statuts. On l’imagine, c’est sans doute dans ce sens qu’elle envisage inclure le crime d’ « agression » d’un Etat contre un autre Etat. Ce ne sera sans doute pas une sinécure et le président de l’Assemblée des Etats membres de la CPI qui, dès à présent, murmure son « optimisme prudent », parlant d’un accord dans ce sens, ne veut pas dire autre chose. Car si un consensus peut facilement se faire sur la définition de ce « nouveau » crime, les discussions risquent d’achopper sur les conditions dans lesquelles devrait s’opérer la saisine de si délicats dossiers. Et la question débouche tout naturellement sur un problème plus grand.

Les Etats-Unis qui n’ont pas ratifié le Traité de Rome, ont signifié l’année dernière que seul le Conseil de Sécurité devrait avoir autorité pour déterminer ce qui constitue une agression. Fait notable, les Etats-Unis disposent, avec la Chine, la Russie, la Grande-Bretagne et la France, du fameux droit de veto. Et si, dans le même temps, on se rend compte que deux autres « grands » de l’ONU ne sont pas, eux non plus membres de la CPI, on se rend compte que sortir le Tribunal de ses ornières n’est pas et ne sera pas pour bientôt. Tous ces pays sont animés de la ferme intention de se protéger eux-mêmes et de constituer de sérieux boucliers qui protègent leurs «amis ».

Dans ces conditions, on risque fort de se retrouver, tournant en rond, à l’infini, dans un cercle bien vicieux.

Et pourtant, ce sont tous des pays qui chantent à profusion les louanges et les mérites de la bonne protection des valeurs humaines et des droits de l’homme. Sans doute, des paradoxes inhérents depuis toujours à l’esprit humain qui régulièrement veut d’une chose et de son contraire. A la différence près qu’ici, se greffent des enjeux politiques, diplomatiques et géostratégiques. A ne plus savoir où donner de la tête. Et la CPI a bien du pain sur la planche. Elle devra suer sang et eau pour se rendre légitime et crédible..

LE PAYS

Source:Le Potentiel, du 23/11/2010

RDC: Dans une interview à France 24, TSHISEKEDI : Sortie ratée

Le président national de l’Udps, après avoir lancé la campagne de récolte des fonds pour sa campagne électorale, a fait sa première sortie médiatique sur France 24. Cette prestation médiatique est superbement ignorée de Congolais qui ne suivent pas cette chaîne. On croit savoir que le leader de l’Udps visait un certain public. Mais, classer cette sortie médiatique dans le cadre de la préparation des élections à venir, c’est raté. On ne peut donc pas - autant c’était le cas pour la collecte des fonds - parler d’une quelconque machine. A moins qu’il s’agisse d’une machine à stratégies mal conçues et mal menées.

Un non événementQue Etienne Tshisekedi ait décidé de parler, cela ne peut nullement être considéré comme un événement dans la mesure où, ceux de ses concurrents au pays parlent au quotidien si pas directement, mais par leurs lieutenants interposés. Le débat politique, les interviews, … ne sont pas des événements au pays où une centaine de radio et télévision en offrent chaque jour aux téléspectateurs et aux auditeurs, sans oublier les lecteurs.

Chaque fois qu’un des candidats parle, il laisse ses propos à la critique, aux commentaires divers. C’est démocratique. On a en mémoire la dernière prestation médiatique de Sarkozy, plus suivi en Rdc que celle de Tshisekedi. Elle a donné lieu aux commentaires divers. Dire que ceux qui commentent à leur gré les propos de Tshisekedi auraient peur de ce dernier, c’est nous ramener à une certaine époque. Malheureusement, cette époque inspire encore beaucoup de tshisekedistes qui ne tolèrent aucune critique aux propos de " l’homme dieu ". Voilà qui effraie beaucoup de Congolais qui ont tourné la page " d’hommes providence ". Si Tshisekedi peut faire peur, c’est à ce point de vue.

L’homme à qui on doit toutMobutu expliquait sa prise de pouvoir et sa confiscation à son seul profit, par sa volonté de mettre fin à ce qu’il avait appelé « bain de sang ». Pour avoir été le « sauveur » du Congo, Zaïre à l’époque, Mobutu avait prononcé cette phrase : « Je ne dois rien au peuple congolais (zaïrois), mais ce peuple me doit tout ». Tshisekedi n’est pas différent de Mobutu. Son interview à France 24 le démontre. Cela ne nous étonne pas, lorsqu’on sait qu’alors seulement dans l’opposition (Usor), il estimait qu’ayant été seul à avoir lutté contre Mobutu, il avait droit à tout. C’est ainsi qu’il monopolisait aussi bien l’opposition que le poste de Premier ministre.

Quiconque osait se proclamer leader de l’opposition, était diabolisé, parce que seul Tshisekedi méritait cette qualité. C’est ainsi que, même élu premier ministre par la Cns, il était toujours opposant. C’est la raison pour laquelle la transition 1+4 a été pour lui un sacrilège, parce qu’après avoir signé l’accord global et inclusif à Sun City, il n’a pas obtenu le poste de vice-président de la République pour le compte de la composante opposition politique non armée. Un poste qu’il croyait lui revenir de droit. Partant de son ambition personnelle, il a estimé que la transition, la Constitution et les élections organisées pendant ce temps, ne pouvaient être valables. Sans lui, rien de valable ne peut se faire en Rdc. Certains, ne maîtrisant pas l’histoire récente de la politique congolaise, pouvaient douter de notre analyse. On leur demanderait de partir de la récente interview à France 24. Il y a au Congo des leaders politiques, des institutions mises en place et qui fonctionnent. Tshisekedi estime que sans lui, le pays est en danger. Super homme, super politicien, il serait seul à sauver le pays et le processus électoral.

Personne ne peut le croire
Personne en Rdc comme dans la communauté internationale ne peut le croire. Car, Tshisekedi n’est pas un nouveau venu dans la politique. On peut remonter ses origines politiques pour mettre à nu ses mensonges politiques présents et passés. Pour ce faire, il suffit de ne prendre que quelques aspects importants de son discours.

Pourquoi avait-il boycotté les élections de 2006 ? Parce qu’il avait raté le poste de vice-président qui lui aurait permis de se replacer. Car, après Sun City, l’Udps miné avec le départ de Kibasa Maliba était mal au point. Il a fait une fuite en avant. Le temps de lancer la machine de collecte des fonds en Europe. Le reste n’est qu’habillage. Mentir est une antivaleur. Si en 2006, les conditions étaient mauvaises pour l’Udps d’aller aux élections, le fait de décider d’y aller en 2011, est une façon de reconnaitre que ceux qui ont géré le pays pendant cette première législature de la 3ème République, ont créé les conditions d’une élection démocratique et transparente. Pourquoi Tshisekedi ne peut-il pas avoir l’honnêteté de le reconnaître ? La réponse est simple. Dans sa vie, Tshisekedi n’a jamais reconnu le mérite des autres. Je mets au défi quiconque démontrerait le contraire.

Mobutu bon selon…
Mobutu était bon, tant qu’il pouvait tout donner à Tshisekedi. Lorsqu’il lui a préféré un autre à la tête du parlement, Tshisekedi en a fait un diable. La preuve, c’est qu’il est resté auprès de ce dernier, arborant avec lui la même toque de léopard et la même canne folklorique. Pendant cette période de lune de miel, tout ce que Mobutu faisait, parce qu’il le faisait avec la collaboration de Tshisekedi, était bon. Le coup d’Etat contre Lumumba en 1960 était bon parce que Tshisekedi y avait trouvé son compte en tant que Vice-commissaire général en charge de la justice. La Constitution de 1967 qui limitait la liberté s’association en proposant deux partis politiques seulement était bonne, parce que Tshisekedi y avait participé. Par contre, celle d’après 24 avril 1990 qui préconisait 3 partis politiques était mauvaise parce que Tshisekedi n’y avait pas contribué. Par conséquent, il est devenu partisan du « multipartisme intégral ». La Constitution de 2006 elle, est mauvaise parce qu’elle prend le contre-pied de tout ce que Mobutu et Tshisekedi avaient défendu, à savoir, le pouvoir oligarchique dans une République des hommes forts.

Plus banal, il avait suffi que le même Mobutu l’accueille chaleureusement à Cap Martin pour que non seulement Tshisekedi lui fasse des éloges, en insistant sur la limousine mise à sa disposition, - tout en taisant le nombre de cartons d’argent reçus - mais aussi, il lui préparé un bain de foule à Kinshasa au moment où trois quarts du pays était déjà sous contrôle de la rébellion. C’était aussi suffisant pour que Mobutu et Tshisekedi se retrouvent, le premier cessant d’être le diable, pour un accord de gouvernement. Il a accepté le poste de Premier ministre avant d’aller demander à Laurent Désiré Kabila d’accepter 4 postes au gouvernement dirigé par lui Tshisekedi avec Mobutu comme président.

Bien avant cela, les assassinats politiques dont la pendaison publique de Anany, Mahamba, Kimba et Bamba au pont Kasa-Vubu. Tout cela était bon parce que Tshisekedi avait sa part de pouvoir. Il en est de même de l’extérieur. Il est mauvais lorsqu’il est supposé supporter une autre personne. Il est bon lorsqu’il est avec lui. De même il est allé passer en revue les troupes rwandaises, après avoir accusé l’Adfl d’avoir amené les Rwandais au Congo, il peut aujourd’hui lécher les bottes des milieux belges parce qu’il estime qu’ils ne sont plus avec Kabila.

Tshisekedi nu à France 24Le leader de l’Udps n’étonne personne. Bien au contraire, à travers cette interview, il se livre tout nu devant l’opinion, même celle de ceux qui ne le connaissait pas. Il vient tenir le 1er Congrès de son parti. Il estime que c’est son mérite. Il refuse de reconnaître qu’il y a quelques années cela était impossible. Sinon qui comprendrait qu’un parti politique créé en 1980 ne puisse avoir son 1er Congrès plus de 30 ans après. C’est la preuve par neuf que ceux qui dirigent le pays ont créé des conditions qui manquaient jadis.

Il faut prendre très au sérieux ce que Tshisekedi dit. Il veut clairement amener la Rdc sur la voie de la politique de 1960, la même politique qu’il a menée au cours des années 1990, une politique basée sur les hommes et non sur ce qui fait le discours politique ailleurs, à savoir l’économie, le social, bref le développement. Une politique plus basée sur le discours que sur les actions concrètes. On n’est jamais sorti de la déception, lorsque prié par la Cns de donner son programme économique, le leader de l’Udps s’est contenté de dire pour tout programme : « Nous allons faire le changement ». Comment et pourquoi, avec qui, avec quels moyens, où les trouver ? Rien de tout cela. On a applaudit. Et ce qu’on appelait « dynamique de la salle » qui veut dire esprit moutonnier, l’a élu Premier ministre. On n’a pas vu le changement qui devrait commencer par discipliner Mobutu. Et le grand atout de Tshisekedi, disait-on, qu’il était le seul homme sur terre à dire non à Mobutu. C’est ridicule comme programme « dire non » à Mobutu. En fin de comptes, c’est Mobutu qui a dit non à Tshisekedi. Et c’est une autre personne qui est venu dire non à Mobutu, l’obligeant à aller mourir en exil au Maroc. Cet homme, là, LD Kabila, Tshisekedi l’a combattu. Peut-on savoir pourquoi, lui qui a supporté Mobutu, dictateur reconnu, pendant des décennies ?

Non au retour à la politique des « homme-providences »La Rdc a perdu beaucoup de temps avec cette politique corrida entre individus. Elle s’est engagée dans la lutte pour le développement en commençant pas la construction des routes. Henri Morton Stanley n’avait-il pas dit que « sans chemin de fer, le Congo ne vaut pas un penny » ? Aucun développement n’était envisageable dans un pays ployant sous une dette odieuse qui l’empêchait de s’endetter utilement même lorsqu’il en avait besoin. Grâce à la bonne gouvernance, le pays a convaincu les institutions financières internationales et les partenaires du Club de Paris à annuler une grande partie de cette dette tout en rééchelonnant utilement celle qui restera à payer avec au moins 25 ans de délai de grâce. Dire que tout cela c’est rien, c’est justement démonter que l’on veut ramener le pays vers la politique fiction avec des hommes-providences dont la seule présence suffirait pour que tout s’améliore. Ce fétichisme n’a rien à voir avec l’économie moderne.

Il ne distraira jamais le peuple congolais qui voit le Congo sortir lentement, douloureusement, mais sûrement du gouffre où Tshisekedi et ses amis l’ont plongé. Les élucubrations de Tshisekedi, qui tente un « nzombo le soir » n’arrêtera pas la poursuite de la politique de cinq chantiers.

Author:Joachim Diana G.


Source: L'Avenir Quotidien, du 23/11/2010

Sunday, November 21, 2010

RDC: L'ex-rebelle Bemba, de la vice-présidence congolaise à la CPI

KINSHASA - Rebelle puis vice-président de la République démocratique du Congo, opulent homme d'affaires très populaire à Kinshasa, Jean-Pierre Bemba, 48 ans, est confronté à la justice internationale après avoir vu son destin tourner en perdant la présidentielle de 2006.

Son procès devant la Cour pénale internationale (CPI) doit s'ouvrir lundi à La Haye. L'ex-chef de la rébellion du Mouvement de libération du Congo (MLC) y sera jugé pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par ses hommes en Centrafrique en 2002 et 2003.


A l'époque, le MLC était allé appuyer le président centrafricain d'alors, Ange-Félix Patassé, pour écraser une tentative de coup d'Etat du général François Bozizé, qui parviendra plus tard à s'emparer du pouvoir.


Avant son arrestation à Bruxelles en mai 2008, en vertu d'un mandat d'arrêt de la CPI, Bemba, colosse de 1,90 m au visage rond, vivait entre le Portugal et la Belgique en "exil forcé".


Il avait quitté Kinshasa sous escorte blindée de l'ONU dans la nuit du 11 avril 2007, après de sanglants combats entre l'armée congolaise et sa garde rapprochée, totalement défaite.


Après son échec au second tour de la présidentielle d'octobre 2006 contre Joseph Kabila, l'actuel chef de l'Etat congolais, M. Bemba s'était engagé à conduire une "opposition républicaine".


Mais, élu sénateur, il avait refusé de voir ses soldats regagner les rangs de l'armée nationale, estimant que sa sécurité n'était pas garantie.


Des combats avaient éclaté en mars 2007 en plein coeur de Kinshasa, faisant au moins 300 morts selon l'ONU. Le gouvernement l'avait accusé d'entretenir une milice et le parquet général avait ouvert une information judiciaire contre lui.


L'enfant chéri de Kinshasa, où il avait obtenu 70% des suffrages contre M. Kabila, avait finalement pris le chemin de l'exil.


Né le 4 novembre 1962 à Bogada, dans la région forestière de l'Equateur (frontalière de la Centrafrique), Jean-Pierre Bemba est le fils d'un riche homme d'affaires, décédé début juillet 2009 en Belgique et qui était proche de l'ancien dictateur zaïrois Mobutu Sese Seko.


Il dirige les entreprises familiales puis se lance à son compte dans la téléphonie mobile, le fret aérien, crée deux chaînes de télévision.


Mais le "Mobutu miniature", tel que le surnommait la rue kinoise, quitte brusquement la capitale en 1997 après l'arrivée au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila, père de l'actuel président.


Il dirige pendant la dernière guerre en RDC (1998-2003) une rébellion soutenue par l'Ouganda, le MLC, créé pour renverser le régime de Kabila père et qui règnera en maître dans la région de l'Equateur.


A la fin de la guerre, ce personnage controversé, réputé autoritaire et audacieux, obtient un des quatre postes de vice-président.


En 2006, il apparaît dès le début de la campagne électorale comme l'adversaire le plus sérieux de Joseph Kabila, arrivé au pouvoir en 2001 à la mort de son père.


Il est néanmoins battu sur le score honorable de 42%, après une campagne de second tour émaillée de violences.


Deux ans et demi après son départ de Kinshasa et à l'heure de son procès, Bemba a gardé le titre de président national du MLC, dont les locaux sur une avenue de Kinshasa sont barrés d'un immense portrait du toujours sénateur.


Le 30 octobre dans la capitale congolaise, lors de la commémoration des douze ans du MLC, ses partisans lui ont adressé une vibrante ovation à distance pour "lui manifester (leur) soutien à sa cause".






Source: AngolaPress, du 21/11/10 11:43

Saturday, November 20, 2010

RDC: Mimétisme, quand tu nous tiens !

En vivant et en voyant l’homme politique congolais à l’œuvre, il faut que le cœur se brise ou se bronze. Tel est l’état d’esprit qui nous anime à la lecture de la communication politique intitulée : « Vital Kamerhe implante son parti au Benelux ». Ainsi, l’ancien président de l’Assemblée nationale congolaise a crée un nouveau parti dans un pays qui en compterait déjà quelques centaines : l’Union pour la Nation Congolaise. Il a même pu se trouver une idéologie qui n’existerait sans doute pas encore ou qui serait mal représentée ou défendue sur l’échiquier politique de son pays : la social-démocratie. Mieux, le nouveau parti a un projet de société qui lui serait propre. Et il a déjà des partisans prêts à le vulgariser, à le défendre et à le vendre afin de recruter de nouveaux membres. D’où vient Kamerhe? Quelles étaient ses convictions politiques? Pourquoi change-t-il de parti? Que représente l’idéologie de son parti par rapport aux conflits et aspirations majeurs qui traversent la nation congolaise ? Et que dire du projet de société du nouveau parti ?

Vital Kamerhe est celui-là même qui, à la veille des élections de 2006, avait écrit un livre intitulé « Pourquoi j’ai choisi Joseph Kabila ». L’ouvrage fut officiellement présenté au public, le 10 mars 2006, par l’un des plus grands opportunistes et flatteurs récidivistes de la nation, le patron du journal Le Soft International Kin-Kiey Mulumba. Son quotidien en a assuré la couverture médiatique dans sa livraison du 15 mars. On peut y lire : «Un millier de personnes dont des parlementaires, des ministres, des diplomates, des PDG, des membres des cabinets officiels dont celui du Chef de l’État, des représentants du monde de la culture en tête des écrivains, etc., avaient pris d’assaut la cérémonie de présentation du livre du Secrétaire général du PPRD Vital Kamerhe. Lieu: la cour de l’hôtel Invest Okapi, Cité de la RTNC. La manifestation, qui a eu l’ex-PDG de l’ACP et de l’OZRT Landu Lusala Khasa comme master of ceremony, a connu plusieurs étapes : d’abord le baptême proprement dit du livre conduit par le sénateur Chiralwira sous la surveillance du président de l’Union des Écrivains Congolais Buabua wa Kayembe entouré d’un groupe d’auteurs dont Yoka Lye Mudaba, Masiala Ma Solo, Eddy Angulu, Modeste Mutinga Mutuishayi et le professeur historien, directeur des Archives nationales Lumenga Neso, etc. Parrain et marraine de baptême: le général Didier Etumba et la journaliste de la RTNC Chantal Kanyimbo. Ce fut ensuite le clou de l’événement, à savoir la présentation du livre par le professeur Tryphon Kin-Kiey Mulumba et l’allocution de l’auteur avant une séance de dédicace».

Dans un style digne d’un eternel flagorneur, Kin-Kiey Mulumba en profita pour lancer un clin d’œil à «Joseph Kabila» : « Quand je l’ai vu [pour la première fois] et que j’ai parlé avec lui, ma conviction est que tout ce qui se disait sur cet homme était faux ». Qualifiant l’objet de la rencontre de tout ce beau monde de « livre confirmation d’une filiale idéologique » ou encore de « profondément livre acte de foi », Kin-Kiey écrit : « Ce livre-témoignage est aussi excellent qu’utile précisément à la veille de nos grandes échéances politiques : il nous faut connaître les hommes qui vont concourir au suffrage des citoyens ». Il poursuit : [ce livre] « règle certains débats récurrents dont la filiation et la scolarité », entendez de « Joseph Kabila ». A en croire l’auteur, qui déclare que « trop peu de gens savent quelque chose sur Joseph Kabila », ce dernier, qu’il a connu lors de la guerre d’agression d’août 1998, est un « homme hors du commun, qui commande tout, planifie tout et contrôle tout avec adresse et minutie ». Pourquoi Kamerhe choisit-il « Joseph Kabila » ? Parce que celui-ci « aura été l’homme de l’espoir et du destin du Congo nouveau ». Aussi le propose-t-il aux Congolais comme « le choix judicieux pour un Congo meilleur », car Kamerhe voit en lui « un avenir radieux mais laborieux et plein de promesses qui se dessine pour notre peuple ». Et Kamerhe d’enchaîner : « Il faut être aveugle pour ne pas voir de quel amour jouit le Président Joseph Kabila de la part des Congolais et surtout des jeunes. Il a fait honneur à la jeunesse congolaise en montrant que les vertus de sagesse et d’intelligence ne sont pas l’apanage de la seule vieillesse».

En mai 2006, la plume de Baudouin Amba Wetshi égratignait ce livre qui n’était pas passé sous l’œil scrutateur d’un éditeur : « Ce bouquin donne, sur le plan de la forme, l’impression d’un travail bâclé. Un travail fait par un imprimeur amateur. Il s’articule sur 158 pages et ce non compris les six autres couvrant la table des matières. Quid du fond ? Sans vouloir tomber dans la caricature, cette brochure est un petit chef d’œuvre dans le style panégyriste. Une propagande politique qui met à nu le décalage entre le dire et l’agir. C’est à la limite une compilation de vœux pieux, de contre-vérités, des affirmations non-étayées dont l’objectif paraît clair : vendre l’image d’un Joseph Kabila idéalisé ». Et Amba Wetshi de souligner quelques zones d’ombre : « Selon Vital, Kabila est né à Fizi. Le réquisitoire lu, le 26 janvier 2001, par le procureur général de la république mentionne pourtant Hewa Bora II comme lieu de naissance. Or, cette localité n’a pas d’existence formelle. L’auteur note que Joseph a commencé une formation militaire en Tanzanie. En quelle année ? Silence radio. Ce fait suggère que l’actuel chef de l’Etat congolais a été un moment donné un citoyen tanzanien ». Citant l’auteur qui affirme que
«lors de sa formation militaire de base en Tanzanie, Joseph Kabila se distingue par son aptitude au commandement et par ses qualités morales d’officier et de meneur d’hommes », Amba Wetshi conclut : « Kabila junior était déjà officier pendant qu’il recevait sa formation de base. Est-ce possible ? Selon l’auteur toujours, poursuit le patron du journal en ligne CIC, « Kabila Kabange a parfait sa formation d’officier à l’Université de Défense nationale à Pékin ». Commentaire du critique : « Et dire que le général-major Kabila n’a passé que trois mois dans la capitale chinoise ». Adoptant un ton prophétique face à ce livre d’une très grande médiocrité tant sur le plan de l’écriture que du savoir, Amba Wetshi note : « L’avenir seul dira si le secrétaire général du parti présidentiel a convaincu ». Ainsi, tout Kinshasa s’était déplacé pour un bouquin qui accordait la nationalité congolaise à un étranger que Vital Kamerhe ne connaissait pas du tout.
Qu’est-ce qui s’est passé entre le Kamerhe de 2006, qui revisitait à sa manière la fable de Jean de La Fontaine « Le corbeau et le renard » et celui d’aujourd’hui, qui ne se retrouve plus dans le fameux parti présidentiel dont il fut le puissant secrétaire général avant d’être promu à la présidence de l’Assemblée nationale ? Une et une seule chose. Après avoir laissé s’échapper le fromage qu’il tenait dans son bec au profit du renard Kamerhe, le corbeau « Joseph Kabila » s’est autorisé de le récupérer pour le donner à un autre renard. On nous rétorquera que toute personne a le droit de changer de parti politique. Oui. N’empêche que la motivation du changement seule détermine la qualité de son auteur. Et ici, on nage en pleine politique du ventre et non des idées. Au sujet de celles-ci, on notera qu’après avoir bu quelques tasses de social-démocratie auprès des Blancs, Kamerhe croit dire quelque chose d’important en se proclamant social-démocrate.

Mais qu’est-ce qu’une idéologie ? Une idéologie est une prise de position face aux conflits et aspirations majeurs qui traversent un Etat. Depuis les indépendances, les Etats africains connaissent tous deux conflits majeurs pendant que leurs peuples aspirent tous à la liberté, à la dignité et à la prospérité. Ces aspirations sont étouffées par l’absence de solution viable à chacun des deux conflits majeurs. Le premier, vis-à-vis des puissances occidentales, est leur éternelle domination. Le second, à l’intérieur de chaque Etat, est la prise en otage des instruments de la souveraineté de tout un peuple par un individu, faussement appelé père de la nation, s’appuyant avant tout sur des membres de son ethnie et/ou de sa région. C’est donc face à ces deux conflits majeurs que les partis politiques doivent prendre position ou proposer des solutions. La dénomination du parti de Kamerhe, Union pour la Nation Congolaise, laisserait penser que cette formation politique aurait pour ambition d’apporter une réponse au second conflit. Mais Kamerhe se réclame de la social-démocratie. « Initialement, la social-démocratie est une appellation du mouvement socialiste international, et en particulier de la IIe Internationale fondée en 1889 à l’initiative notamment de Friedrich Engels. Il s’agit donc à la base d’un mouvement marxiste [qui] désigne aujourd’hui un courant politique de gauche, réformiste et non marxiste ». (Wikipédia). Quel est le rapport avec les conflits majeurs de l’Etat congolais ? Aucun. Dans le contexte congolais, la social-démocratie est une idéologie suspendue en l’air. Par voie de conséquence, le parti de Kamerhe ne peut être qu’une coquille vide. Comme tous les autres partis congolais. Par ailleurs, qui ne sait qu’en Afrique les idéologies politiques ne représentent rien ? Existent-ils des Africains qui adhèrent aux partis parce qu’attirés par leurs idéologies respectives ? Parmi les intellectuels importateurs d’idéologies eux-mêmes, qui y croit ? La politique africaine ne se caractérise-t-elle pas par l’immense fossé entre les idéologies dont les politiques se réclament et la réalité des pouvoirs qu’ils exercent ? En fait, en se collant l’étiquette de social-démocrate, Kamerhe démontre tout simplement qu’il sait singer l’homme blanc. Comble du ridicule, il singe l’homme blanc au moment où les idéologies sont en faillite en Occident même. Son projet de société ? Des vœux pieux. Une vaste rigolade. Kamerhe aurait de la peine à designer un seul parti politique africain qui ne sache articuler d’aussi belles promesses.

Tout compte fait, à l’entrée des sièges des partis congolais dont l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) de Vital Kamerhe, on devrait afficher la fameuse phrase inscrite à l’entrée de l’enfer : ‘‘Toi qui entre ici, abandonne tout espoir’’. Ainsi en est-il de ‘‘Tatu’’ Hilaire Lumbaie Mulumba, Président de la Fédération de l’UNC pour le Benelux que nous saluons amicalement au nom de la fraternité ‘‘belgicaine’’.

Source: Congoindépendant 2003-2010, du 19 Novembre 2010
Author: Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo