Saturday, April 16, 2011

RWANDA: « J'ai osé des explications sur la tragédie au Rwanda »

En 2005, votre livre consacré à la tragédie du Rwanda avait suscité de vives polémiques, pourquoi y être revenu avec 'Carnages', sorti l'an dernier (1) ?
D'habitude, quand je réalise une lourde enquête, je la referme après le livre. Mais là, je ne pouvais pas. J'ai eu des procès très lourds qui ont duré quatre ans. Plutôt que de travailler pour mes avocats, j'ai essayé, pour moi-même, de comprendre ce qui m'arrivait. Pourquoi j'étais poursuivi pour incitation à la haine raciale alors que je suis parrain de SOS racisme, pourquoi j'étais assimilé à un antisémite. J'ai donc repris mon enquête et cherché où étaient les obstacles à la vérité sur le Rwanda. J'ai complexifié le problème et je suis remonté jusqu'aux agendas des États-Unis et d'Israël dans cette partie

de l'Afrique. J'ai osé des explications.


Quelle est votre thèse ?
Pour comprendre la tragédie rwandaise, il faut élargir à l'Afrique centrale et de l'ouest. Si on force un peu le trait, cette tragédie fait partie des dommages collatéraux du conflit entre grandes puissances et du conflit israélo-arabe. Aujourd'hui, au Rwanda, la communauté internationale n'accepte que deux responsables : les Hutus et les Français parce que le massacre des Tutsis a été comparé à la Shoah et Paul Kagame, le président actuel du Rwanda, a quasiment l'image de Mandela. Or, moi, j'ai vu plus large et j'ai pointé la responsabilité des États-Unis et des Anglais. En Afrique, la désinformation continue de faire des millions de morts.


'Carnages' suscite moins de polémiques, avez-vous le sentiment d'avoir fait avancer la vérité sur la tragédie au Rwanda ?
Ça, c'est à vous de le dire. En fait, on n'a pas beaucoup parlé de mon livre... De plus, j'ai proposé des projets de documentaire sur la question, même au service public de l'audiovisuel, aucun n'a jusqu'ici été accepté.

Recueilli par JEAN-PIERRE SOUCHE, email:  jpsouche@midilibre.com


Édition du samedi 16 avril 2011


Photo STÉPHANE BARBIER


Source: Midi Libre, du 16/04/2011

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