Tuesday, May 31, 2011

RDC : «Silence = complicité ». Essai sur le rejet du système représentatif (congolais)

Les populations de l’Est de notre pays participent au printemps des peuples soucieux de briser pacifiquement le statut d’ «observateurs» et de «spectateurs» de l’histoire dans lequel les élites politiques et économiques, représentant le système dominant, les enferment. Le printemps tunisien, égyptien, espagnol, portugais et grec est en train de toucher le Congo et les médias kinois en parlent à peine.

Pendant que plusieurs journaux de Kinshasa relayent le message du président de la CENI selon lequel il y aura élections le 28 novembre 2011, la voix des populations congolaises de l’Est du pays décriant l’occupation rwandaise de notre territoire est à peine audible dans les médias kinois. Les acteurs politiques en parlent à peine. Y a-t-il autocensure à Kinshasa, musellement des médias ou complicité dans cette tragédie que nos populations connaissent depuis plus d’une décennie ? Ou tout cela à la fois ? Comment pouvons-nous expliquer une certaine apathie dans le traitement de cette question dont dépend, pour une large part, l’avenir de notre pays dans ses frontières héritées de la colonisation ? Et puis, à quel niveau se situe la complicité la plus flagrante ?

Dans un article intitulé « révélations de la marche contre l’occupation rwandaise de Lubero », l’auteur nous met sur la piste de l’une des réponses à cette question quand, traitant du dispositif policier déployé contre cette marche, il écrit : « Le déploiement d’un millier des policiers par la Mairie a démontré que quand il s’agit de dénoncer l’occupation rwandaise du territoire de Lubero, la Mairie ne manque pas des policiers et de logistique de combat. Mais quand il s’agit de protéger les congolais dans leurs quartiers contre les hommes en armes et protéger les centres d’enrôlement, il n’y a pas de policiers et quand il y en a, ces policiers ne sont pas bien équipés. » (Lire l’article sur le site de Benilubero). Cette phrase rappelle le résumé d’un rapport très fouillé de l’Institut néerlandais pour l’Afrique australe sur la transition congolaise publié en 2006 et intitulé « L’Etat contre le peuple. La gouvernance, l’exploitation minière et le régime transitoire en République Démocratique du Congo ». Depuis la guerre d’agression livré contre notre pays en 1996 (et même avant), ceux qui gouvernent dans cet Etat (manqué) se dressent contre le peuple. Pire, ils se dressent contre les droits et les libertés de ce peuple reconnus par la Constitution c’est-à-dire la loi fondamentale du pays. Et l’article ci-haut cité le souligne sans ambages tout en critiquant sévèrement le Maire de Butembo : « La conclusion est que la Mairie de Butembo a choisi son camp, c’est-à-dire, défendre le pouvoir et brimer la libre expression de la population congolaise. En termes techniques, cela s’appelle dictature, autoritarisme, etc. La constitution congolaise défend pourtant la liberté d’expression du citoyen congolais ! »

Au Congo dit démocratique, la dictature et l’autoritarisme se dressent contre la libre expression citoyenne pour conserver « le pouvoir ». L’Etat (manqué) dressé contre le peuple devient ainsi un recours incapacitant la transformation des « transactions fatales » (dans ces zones minières et agricoles convoitées) en « transactions équitables ». Tel est le contexte dans lequel les élections dites libres, transparentes et démocratiques risquent de se dérouler dans la partie Est de notre pays. Ce contexte témoigne par lui-même que les qualificatifs de ces élections dans la partie Est de notre pays participent du galvaudage du concept « élection ». (Laissées entre les mains des fondateurs du système dictatorial et autoritariste actuel, ces élections seront synonymes d’une action de marketing pour la cooptation des membres du réseau de prédation de l’Etat (manqué).)

Dans ce contexte, les populations exercent leur vigilance au point de créer des espaces d’auto-prise en charge et un système participatif de la gestion de la chose publique aux antipodes du système représentatif actuel. Les Parlements des Populations de Lubero et les autres organisations de la société civile essaient de se mettre debout pour conjurer la fatalité et devenir des acteurs à part entière de l’invention politique. La pluie et la police s’étant mêlées à la marche ne constituent plus pour les associations bubolaises des obstacles infranchissables. Elles notent dans l’article susmentionné ce qui suit : « Quelles que soient les embuches du samedi 21 mai 2011, les associations sans but lucratif et sans coloration politique promettent d’autres actions de grande envergure pour mobiliser la population congolaise contre le génocide en cours. Trop c’est trop ! La population ne peut plus se taire et confier le pouvoir aux gens qui bafouent ses droits élémentaires à la vie et qui sont complices de ses malheurs. » Le souhait aurait été que cette détermination et cette mobilisation puissent être les choses les mieux partagées au Sud, au Nord, au Centre et à l’Ouest de notre pays !

La détermination et la mobilisation des populations à l’Est de notre pays s’inscrivent dans un contexte général de rejet du système représentatif de gestion de la chose publique tel qu’hérité de l’Occident moderne fondé sur le capitalisme d’Etat. Deux livres peuvent aider à comprendre que ce système n’a jamais été conçu pour qu’il soit au service des populations d’en bas. Il y a le livre de Barnard Manin intitulé Principes du gouvernement représentatif (Paris, Flammarion, 1996) et celui de N. Chomsky intitulé Futurs proches. Liberté, indépendance et impérialisme au XXIe siècle, Québec, Lux, 2011). Un grand intellectuel américain du XXe résume l’idée des pères fondateurs de ce système en ces termes : « Les affaires du monde sont du ressort des « hommes responsables », qui doivent « vivre à l’abri du piétinement et des beuglements d’un troupeau en déroute », la population constituée d’ « observateurs ignorants et indiscrets » ayant une « fonction » de « spectateurs », et non de « participants ». » (N. Chomsky, O. C., p. 153) Le système représentatif est fondé sur l’élitisme (en réseau) et la disqualification de la population assimilée aux « observateurs ignorants et indiscrets ». Les droits et les libertés acquis par cette population au cours de l’histoire du monde ont été le fruit des luttes citoyennes ; le fruit du refus du statut d’ « observateurs ignorants » et de « spectateurs » de la scène politico-économique.

La détermination et la mobilisation des populations à l’Est de notre pays s’inscrivent dans un large mouvement des populations de la base ayant finalement compris que le système représentatif coaché par la ploutonomie est nuisible à la santé publique des citoyens. Ce mouvement parti de la Tunisie et de l’Egypte s’étant à l’Espagne, au Portugal et à la Grèce. En Espagne, « depuis plus d’une semaine il se passe des évènements inédits, écrit Esteban Diez. Le peuple se réunit, occupe les principales places publiques dans plus de 60 villes pour dénoncer les manipulations politiques liées au système représentatif pas vraiment démocratique selon eux. » (E. Diez, Censure : les médias ont retardé l’exportation de la « révolution espagnole », sur www.michelcollon.info)

Plusieurs médias congolais pourraient être comparés à leurs confrères français refusant de relayer « la révolution espagnole ». Ils parlent plus de DSK que des questions citoyennes posées par certains pays de l’UE. En France, « les mass médias se musellent et forment une sorte de néo-censure qui empêchent certains sujets de faire la une des journaux et donc de faire réfléchir la population. » (Ibidem). Sur cette autocensure et ce musellement, E. Diez émet une autre hypothèse : « Peut-être que sans morts et sans violence l’information n’intéresse pas les médias. En tout cas de la même manière que sur le mouvement espagnol, les médias avaient attendu plus de deux semaines avant de diffuser l’information sur ce qui se passait en Tunisie, en effet face à l’ampleur du phénomène ils n’avaient plus le choix. » (Ibidem)

Il se pourrait que, dans un proche avenir, les médias kinois n’aient plus le choix face à l’ampleur du mouvement qui se dessine à l’Est de notre pays. Ce mouvement est fondé sur un savoir informé aux bonnes sources et partagé dans les Parlements des Populations et sur un réseau social (le site internet de Benilubero). Il est une action qui est en train de conjuguer la volonté d’un peuple meurtri et décidé à s’auto-prendre en charge et le pouvoir que confère la détermination d’agir ensemble. Il tend à transformer la situation des victimes d’une guerre barbare et injuste en celle des acteurs d’une histoire écrite avec la sueur de leur sang.

Il peine à faire tache d’huile. Mais il ira loin dans la mesure où il s’inscrit dans le printemps des peuples du monde décidés à en découdre avec « les petites mains du capital » et autres élites politico-économiques au service du système représentatif de la mort. A l’Est de notre pays, nos populations ont compris que se taire devant la mort semée par ce système, c’est en devenir complice.
Author: J.-P. Mbelu 
Source:  Congoindépendant 2003-2011, du Jean-Pierre Mbelu 

RWANDA: HRW raps Rwanda over genocide crimes exemption

* Human Rights Watch cites decision to exempt soldier crimes * HRW says such crimes undermined judicial process * Rwanda says HRW report misleading, not balanced

KIGALI, May 31 (Reuters) - Rwanda's decision to exempt crimes committed by soldiers in its 1994 genocide from prosecution has undermined the judicial process, Human Rights Watch said on Tuesday.
In a new report, HRW said that excluding crimes committed by soldiers from the Rwanda Patriotic Front (RPF), now the ruling party, in laws that set up community courts known as "gacaca" might undermine their success.
A government statement said that HRW's report was "misleading, unbalanced and does not reflect the truth".
The courts were established in 2001 to address an overload of the country's 1994 genocide-related cases in the conventional justice system. Since 2005, more than 12,000 gacaca courts have tried 1.2 million cases relating to the mass murders.
The courts were originally scheduled to wind up trials by mid-2010, but their closure was postponed. The justice minister this month said the courts would be shut down by December.
The HRW report, "Justice Compromised: The Legacy of Rwanda's Community-Based Gacaca Courts", said that Kigali's ambitious experiment in transitional justice would leave a mixed legacy.
"Soldiers of the RPF, which ended the genocide in July 1994 and went on to form the current government, killed tens of thousands of people between April and December 1994," said Leslie Haskell, a researcher with HRW.
"In 2004, the gacaca law was amended to exclude such crimes, and the government worked to ensure that these crimes were not discussed in gacaca."
HRW recommended that as the courts finish their work, Rwanda should set up more specialized units in the national court system to review alleged miscarriages of justice.
Justice Minister Tharcisse Karugarama said that while Kigali was open to constructive criticism as it builds a modern, developed justice system, reports that misrepresented the gacaca courts were not constructive.
"It is a great shame that HRW has chosen yet again to chase headlines with its choice of title for today's report," Karugarama said. (Editing by Mark Heinrich)

Rwanda:Human Rights Watch déplore l'héritage mitigé des tribunaux communaut

KIGALI, Rwanda — Les tribunaux communautaires «gacaca» au Rwanda ont aidé les communautés à faire face au génocide de 1994 dans le pays mais n'ont pas réussi à fournir des décisions et une justice crédibles dans un certain nombre d’affaires, a déclaré Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié mardi. Alors que les tribunaux «gacaca» réduisent progressivement leurs activités, le Rwanda devrait mettre en place des unités spécialisées au sein du système judiciaire national afin d'examiner les allégations d'erreurs judiciaires, a ajouté HRW.
Le rapport de 160 pages — intitulé «Justice compromise: L'héritage des tribunaux communautaires «gacaca» du Rwanda» évalue les réussites des tribunaux et souligne un certain nombre de graves lacunes dans leur travail, notamment la corruption et des irrégularités de procédure.
Le rapport examine également la décision du gouvernement de transférer les affaires de viols liées au génocide devant les tribunaux «gacaca» et d’exclure de leur compétence les crimes commis par des militaires du Front patriotique rwandais (FPR), parti au pouvoir dans le pays depuis que le génocide a pris fin en juillet 1994.
« L’expérience ambitieuse du Rwanda dans la justice transitionnelle laissera un héritage mitigé, a déclaré Daniel Bekele, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch. Les tribunaux ont aidé les Rwandais à mieux comprendre ce qui s’est passé en 1994, mais dans de nombreux cas des procès défectueux ont conduit à des erreurs judiciaires. »
Le rapport est basé sur l'observation par Human Rights Watch de plus de 2000 jours de procès devant les juridictions «gacaca», sur l’examen de plus de 350 affaires et sur des entretiens avec des centaines de participants de toutes les parties prenantes du processus «gacaca», notamment des accusés, des rescapés du génocide, des témoins, d’autres membres de la communauté, des juges, ainsi que des autorités locales et nationales.
Depuis 2005, un peu plus de 12 000 tribunaux «gacaca» communautaires ont jugé environ 1,2 million d’affaires liées au génocide de 1994. Les violences ont fait plus d'un demi-million de morts, appartenant principalement à la population minoritaire tutsie du pays. Il était prévu que les tribunaux aient achevé les procès à la mi-2010, mais leur clôture a été reportée à octobre 2010. En mai 2011, le ministre de la Justice aurait annoncé que les tribunaux «gacaca» seraient officiellement clôturés d’ici décembre 2011.
Les juridictions «gacaca» ont été créées en 2001 pour répondre à la surcharge d’affaires dans le système judiciaire classique et à une crise carcérale.
La décision du gouvernement d’exclure de la compétence des tribunaux «gacaca» les crimes commis par des militaires appartenant au parti actuellement au pouvoir, le FPR, a laissé les victimes de leurs crimes en attente de justice, a observé Human Rights Watch. Des militaires du FPR, qui a mis fin au génocide en juillet 1994 et a formé ensuite le gouvernement actuel, ont tué des dizaines de milliers de personnes entre avril et décembre 1994. En 2004, la loi «gacaca» a été modifiée afin d’exclure de tels crimes, et le gouvernement a veillé à ce que ces crimes ne soient pas abordés devant les juridictions «gacaca».
«L'une des graves lacunes du processus 'gacaca' a été son incapacité à assurer une justice égale pour toutes les victimes de crimes graves commis en 1994, a observé Daniel Bekele. En retirant les crimes commis par le FPR de leur compétence, le gouvernement a limité le potentiel des juridictions 'gacaca' à favoriser la réconciliation à long terme au Rwanda.»
Les erreurs judiciaires potentielles devraient être examinées par des juges professionnels devant des tribunaux spécialisés au sein du système classique, plutôt que par les tribunaux «gacaca» ainsi que l’a proposé le gouvernement rwandais à la fin de 2010, a indiqué Human Rights Watch.
«Si les tribunaux 'gacaca' examinent les erreurs judiciaires présumées, il y a un risque de voir se répéter certains des mêmes problèmes, a conclu Daniel Bekele. Au lieu de cela, le gouvernement devrait s'assurer que le système judiciaire formel examine ces affaires de manière professionnelle, équitable et impartiale. Cela aiderait à assurer l'héritage du système 'gacaca' et à renforcer le système judiciaire du Rwanda pour les générations à venir.»

Monday, May 30, 2011

COTE D'IVOIRE: Donné pour mort Blé Goudé parle enfin / Sa lettre aux Ivoiriens

Il n`est pas mort comme l`avait laissé croire la rumeur. Il est vivant, terré dans un endroit qu`il tient secret. Pour couper court à toutes les rumeurs sur son compte, Charles Blé Goudé, leader de la jeunesse patriotique ivoirienne et ancien ministre sous Laurent Gbagbo, rompt le silence à travers ce courrier adressé aux Ivoiriens.
Mes chers compatriotes,
Je suis vivant!
Si certains ont souhaité ma disparition physique, d`autres, plus nombreux certainement, aimeraient me voir en vie afin que je puisse participer au débat politique dans notre pays, la Côte d`Ivoire.
Dans tous les cas, cette situation m`aura permis d`expérimenter la symbolique des funérailles du vivant dont me parlait souvent mon grand-père.
En effet, vivant, j’ai assisté à mes funérailles à plusieurs reprises. Je sais que toutes les tentatives des uns et des autres pour me tuer sinon physiquement, à tout le moins médiatiquement, sont la preuve de l’intérêt qu’ils portent à ma personne et à notre combat.
A ceux qui ont jubilé à l’annonce de ma prétendue mort, je souhaite longue vie. La vie humaine est sacrée. Toutes nos croyances ne nous enseignent- elles pas que nul ne doit ni souhaiter ni fêter la mort de son prochain, fût-il son pire ennemi? Et dire que parmi ceux qui ont jubilé à l’annonce de ma ``mort`` se trouvent certains individus se targuant d’avoir été mes collaborateurs(?)
Je voudrais inviter ces papillons politiques toujours à la recherche du nectar à méditer les paroles suivantes: " ce sont les abeilles qui produisent le miel".
A vous qui, jusqu’ à cette adresse, portiez dans la tristesse et le silence le ‘’deuil’’, soyez rassurés, je suis bel et bien vivant!
Mes chers compatriotes,
Je sais tout ce que nous subissons dans nos quartiers, nos villages, nos campements, nos différents lieux de travail...
Je sais que des villages entiers ont été incendiés, obligeant de nombreuses populations paysannes à trouver refuge en brousse.
Je sais que, invitées à reprendre le service, les forces de l’ordre formées par l’Etat de Côte d’Ivoire sont traquées, humiliées voire assassinées. La dernière trouvaille serait de payer leurs salaires désormais de la main à la main. Du jamais vu!
Je sais que pour échapper à la furie des tortionnaires, de nombreux Ivoiriens sont aujourd’hui refugiés dans des pays voisins sans le moindre sou.
Le fait d’avoir battu campagne pour La Majorité Présidentielle (LMP) étant désormais considéré comme un crime dans notre pays, nous continuons de subir des exactions de tout genre.
Chaque jour, d’honnêtes citoyens sont pris en otage. Les plus chanceux sont libérés moyennant une rançon dont le montant varie selon les humeurs de leurs bourreaux.
Il ne se passe un seul jour sans que nous ne soyons dépossédés de nos biens. Les véhicules, les appareils électroménagers, les fauteuils sont emportés au nom de la démocratie. Même les casseroles, les verres, les cuillères n`échappent pas à leur appétit.
Je sais aussi que certains Ivoiriens, malgré leur appartenance au RHDP, ont vu leurs biens, fruits de plusieurs années de durs labeurs, emportés ; d`autres ont même été tués.
Sous le fallacieux prétexte de recherche de caches d’armes, ils tuent, violent et traumatisent impunément.
Mes chers compatriotes,
Voici autant d’actes qui sont en total déphasage avec l’esprit de réconciliation dont notre pays a plus que jamais besoin; réconciliation dont j`avais déjà ouvert les chantiers à travers plusieurs actions pour tenter de réduire la fracture sociale déjà trop profonde. Souvenons-nous de la Caravane de la Paix.
En clair, au-delà des slogans, la réconciliation doit se traduire en actes concrets surtout quand l’on sait que le président Gbagbo et plusieurs de ses compagnons sont illégalement incarcérés et isolés dans le nord de la Côte d’Ivoire.
En outre, notre pays, atteint du syndrome de l’allégeance et de la ‘’postophilie’’, enregistre le retour de caméléons politiques qui se vantent d’avoir prédit ce que nous vivons aujourd’hui.
Ces nomades politiques sans conviction accusent aujourd’hui le président Gbagbo de tous les maux d’Israël.
Comme vous le savez, chers concitoyens, quelle que soit la virulence d`une épidémie elle ne contamine jamais tout le monde. C’est pourquoi, je voudrais rassurer mes frères Ivoiriens et Africains que dans ce capharnaüm, je demeure lucide.
Mes chers compatriotes,
Dans cette douloureuse épreuve, sachons rester dignes et solidaires. A ce stade de mon propos, je voudrais remercier tous ces Africains et Africaines pour leur soutien à cet autre virage dans l’histoire de notre continent. Point n`est besoin de douter car dans cette montagne de désespoir doit nécessairement se creuser un véritable tunnel d`espérance pour le bonheur des générations futures.
En ce qui concerne les sujets qui engagent la vie et l’avenir de notre pays, la COTE D`IVOIRE, je me prononcerai prochainement.
Je suis vivant!
Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.
Charles Blé GOUDE.
NB: Les titres et le chapeau sont de la Rédaction

COTE D'IVOIRE: Arrêté le 11 avril dernier, Laurent Gbagbo s’exprime enfin (communiqué)

Communiqué de presse du Porte parole du Président Laurent GBAGBO.
La situation de guerre que la France impose à la Côte d’Ivoire sans une déclaration préalable de guerre a déstabilisé la société ivoirienne en ouvrant une plaie béante et en engendrant des problèmes politiques nouveaux.

C’est le cas de l’assassinat, de l’arrestation et la détention arbitraires d’hommes politiques, d’enseignants, de Hauts cadres de l’Administration, de syndicalistes, de journalistes, d’étudiants, voire de simples anonymes pour délit d’opinions. Nombreux sont nos compatriotes qui sont soit assassinés soit continuent de subir des exactions sur la base de leur appartenance ethnique ou partisane. Tout ceci est de nature à mettre à mal l’unité nationale et a fini par nous convaincre de la volonté de la France de remettre en cause les acquis de notre lutte commune de plusieurs décennies pour l’instauration de la démocratie et des libertés individuelles au service de la Souveraineté de la Cote d Ivoire. Cette lutte a valu au président Laurent GBAGBO lui-même, à sa famille et à ses compagnons plusieurs arrestations et humiliations de la part de ses adversaires politiques.

C’est pourquoi, face à des problèmes politiques d’une telle importance, la polémique de l’entrée ou non du Front Populaire Ivoirien (FPI) dans un Gouvernement paraît inappropriée et indécente au regard de l’ampleur des dégâts causés par la guerre de la France contre la Côte d’Ivoire. Le Président Laurent GBAGBO s’étonne que cette question fasse l’objet de tant d’attentions et de passions alors que les problèmes politiques relevés et soulignés sont encore pendants et ne font même pas l’objet d’intérêt pour connaître un début de solution.

A ce propos, le Président Laurent GBAGBO rappelle, que le Président de son Parti, M. Pascal AFFI N’Guessan a été arrêté, maltraité et déporté au Nord de la Côte d’Ivoire pour avoir fait publier un simple communiqué donnant la position du FPI sur l’évolution de la situation politique nationale.

Bien avant, le Président Laurent GBAGBO, a été lui-même arrêté en même temps que les deux premiers Vices Présidents du FPI, M. SANGARE Aboudramane et Mme Simone EHIVET GBAGBO respectivement Inspecteur d’Etat et Député à l’Assemblée Nationale et Présidente du groupe parlementaire FPI avant d’être tous déportés et mis en résidence surveillée au Nord au mépris des règles élémentaires des Droits de l’Homme.

En outre, le Premier Ministre, le Professeur Aké G.M.N’GBO et les membres de son Gouvernement sont soit détenus, soit en exil quand ils ne vivent pas dans la clandestinité.

Le Président Laurent GBAGBO fait remarquer que conformément aux lois ivoiriennes, il a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle et que s’il se trouve en résidence surveillée à KORHOGO, c’est bien parce qu’il a perdu la guerre absurde que le Président Français a décidé de lui faire suite à un banal contentieux électoral pour lequel les institutions ivoiriennes ont une compétence exclusive, comme c’est le cas partout ailleurs dans le monde. C’est pourquoi le Président se félicite de la décision sage que le comité central du FPI a prise lors de sa dernière réunion.

Par ailleurs, il tient à relever que pendant toute la durée de la crise, aucune institution de l’Etat, aucune unité militaire n’a rejoint le camp de l’ennemi. Toutes les Institutions de la République lui sont restées loyales. Le peuple est reste soudé derrière les institutions qu’il incarne. Les composantes essentielles de notre pays ne pouvaient pas toutes se tromper en même temps.

Le Président Laurent GBAGBO continue de se poser la question suivante : « pourquoi a-t-on préféré la guerre qui a entrainé une si grande désolation à une simple opération de recomptage de voix déjà connue sous d’autres cieux » ?

Il pense que la guerre faite par le Président SARKOZY à son pays a ouvert une plaie douloureuse pour son peuple qui ne peut se cicatriser par la seule entrée du FPI au gouvernement.

L’intervention massive de l’armée française dans notre pays qui rappelle les premières heures de la colonisation soulève des problèmes politiques de fond qui nécessitent un débat franc et constructif avec la France.

Le Président tient à rappeler, si besoin en était encore, que son engagement politique se fonde sur la promotion de la démocratie et de la dignité africaine, le tout dans le respect de nos lois. Or, les derniers évènements sont une négation de toutes ces valeurs qui ont toujours guidé son action politique depuis plus de 40 ans.

Le Président tient à informer ses compatriotes qu’il n’entend pas renoncer à l’idéal de son combat politique. Toutefois, il reste ouvert à toute démarche pour une vraie réconciliation des Ivoiriens entre eux d’abord, avec la France ensuite, qui ne pourra se construire qu’autour de la vérité sur l’indépendance et la souveraineté de la Côte d’Ivoire, au terme d’un vrai débat sérieux et responsable.

Le Président continue de prier pour tous ceux qui ont souffert et continuent de souffrir de cette terrible tragédie. Il s’incline devant la mémoire des morts de cette guerre et apporte toute sa compassion à leurs familles. Il souhaite un prompt rétablissement à tous les blessés. Il exprime son soutien à toutes les victimes des pillages et autres actes de vandalismes.

Il invite les Ivoiriens à continuer de croire en leur pays, à persévérer dans l’espoir d’une Côte d’Ivoire souveraine, démocratique et prospère.

Que Dieu bénisse la Côte d Ivoire

Fait a Abidjan le 30 mai 2011

Pour le Porte parole du Président GBAGBO

Author: PO. Bernard HOUDIN


Sopurce:  Afriscoop, du 31/05/2011

AFRICA/UE: Chronique diplomatique/ G8 : Arrêtez de mentir aux Africains

L’Europe a toujours dit aux Africains que les pays membres du « G8 » sont les plus riches. Faux. C’est un mensonge poli. Que le « G8 » arrête de mentir aux Africains. La réunion qui vient de se tenir à Deauville, en France, n’est qu’une simple formule qui, chaque année, permet aux Européens d’arpenter les coulisses économiques de l’Afrique, et recenser les grands gisements de pétrole de l’Angola, du Nigeria et de gaz algérien, ou comptabiliser les prochaines tonnes de cacao du Ghana, de la Côte d’Ivoire… pour faire des affaires. La suite se fait à coup de diplomatie ‘’partisane’’, dans les restaurants, ou boîtes de nuit. Le « G8 » n’a jamais aidé, ou décidé concrètement pour les Africains. Tout est suspect, avec un communiqué final qui ‘’amuse’’ : ‘’l’économie africaine est en bonne santé’’. C’est tout. Et, les dirigeants africains y croient. Photo de famille avec l’Américain Barack Obama, ou le Français Nicolas Sarkozy, la réunion a été un succès. En réalité, les dirigeants africains connaissent leurs limites : ils n’ont aucune prééminence sur les institutions financières comme le Fonds Monétaire International, ou la Banque Mondiale. L’Ivoirien Alassane Ouattara, le Guinéen Alpha Condé, le Sénégalais Abdoulaye Wade, sont au sommet du « G8 » pour avoir été vus sur les chaînes de télévision françaises, aux côtés des caissiers de l’Union Européenne. Au sommet du « G8 », aucun chef d’Etat africain, n’a eu le courage d’alerter leurs partenaires d’Europe du malaise économique de leurs pays. Aucun dirigeant africain, ne peut décrire en chiffres, l’exploitation abusive des ressources économiques de la République démocratique du Congo, du Tchad, du Sénégal, de Madagascar, à l’Anglais David Cameron, à la chancelière allemande Angela Merkel. Bien au contraire. Les dirigeants africains se sont empressés à Deauville, à vendre les dernières tonnes de cacao de la Côte d’Ivoire à l’Union Européenne, ou les derniers kilos de bauxite guinéenne à Barack Obama. Ce qui compte pour les dirigeants africains, c’est d’être en France, à Washington, au Canada, puis au devant de la presse à Dakar, Niamey, Conakry, Abidjan, pour dire que le sommet a été un succès. C’est en ce moment précis, que Nicolas Sarkozy, Barack Obama, Berlusconi, Angela Merkel rient de la naïveté des dirigeants africains, car ils savent que la gestion de l’économie africaine se trouve toujours, entre les mains des Européens. Et, c’est cela la vérité. Abidjan, Ouaga, Dakar, Conakry, N’Djamena, Bamako, Niamey, peuvent-ils s’élever avec véhémence contre le privilège des Américains, accordé à leurs planteurs de coton ? Sassou N’guesso, François Bozizé, Ali Ben Bongo, Abdoulaye Wade, Alassane Ouattara, Joseph Kabila, peuvent-ils reprocher à l’Union Européenne l’exploitation abusive de ses relations diplomatiques avec Brazzaville, Bangui, Libreville, Dakar, Abidjan, Kinshasa ? Dans ce jeu, le « G8 » reste très clair : que l’Afrique se débrouille. En toute honnêteté, et de façon raisonnable, le « G8 » se moque de l’Afrique. Et, quand je réfléchis, je m’aperçois, que dans les sommets « G8 » et l’Afrique, il se dégage toujours, un consensus de comédie diplomatique. Le « G8 » ment aux Africains. Les 5 ou 6% de croissance de l’économie africaine, que confirme, à chaque réunion le « G8 » aux Africains sont faux. Mais, sinon, comment avec 5 ou 6% de croissance, l’Afrique tend-elle la main à l’aide extérieure ? Le « G8 » ment aux Africains. Il sera très étonnant que Barack Obama puisse mobiliser le Trésor américain pour ‘’aider’’ le Sénégal, le Madagascar. Il sera aussi très étonnant que l’Allemande Angela Merkel, puisse consacrer d’immenses ressources financières pour reconstruire la Côte d’Ivoire. Le « G8 » ment aux Africains. Ce que je sais, et qui reste établi, la France, par calcul, ou subjectivité, peut ‘’tomber’’ un régime africain. Ou soutenir un autre pouvoir africain qui aurait toléré l’influence diplomatique de Paris. Comprenez-vous mieux, pourquoi le Libyen Mouammar Kadhafi est combattu. En vérité, la Libye est économiquement loin, et forte que la France. Accessoirement, Mouammar Kadhafi n’a rien à envier à l’Anglais Davis Cameron, ou au Français Nicolas Sarkozy. Que le « G8 » arrête de mentir aux Africains. Le Canada, l’Italie, la France, l’Allemagne savent très bien que les pays africains comme l’Afrique du Sud, le Nigéria, le Soudan, sont plus riches que les 27 Etats de l’Union Européenne. Plutôt que d’accepter cette vérité, le « G8 » ment aux Africains, et impose son étiquette de ‘’nuisances militaires’’. Regardez autour de vous. Quel est le pays africain qui dirige la Banque Mondiale, alors que le «G8 » dans ses statistiques, ‘’crédibilise’’ de 5 ou 6% l’Afrique de sa croissance économique. Pour l’heure, le « G8 » doit arrêter de mentir à l’Afrique, déjà affaiblie par des rébellions, les coups d’Etat, des élections à un tour… ou même à demi-tour.
Author: Ben Ismaël


Source:  L'intelligent d'Abidjan, du 31/05/2011

RDC/KIVU: Jason Stearns unpacks his theory of conflict in eastern Congo at The Johns Hopkins-SAIS

JASON STEARNS
Friday, April 16, 2010
Washington, DC
(All photos by Alex Engwete)
Readers of this blog and of my blog in French are already familiar with the name of Jason Stearns, whose blog, Congo Siasa [Swahili = Congo politics], also happens to be on my blogroll. But I never met the man. It was therefore with a sense of anticipation and thrill that on Friday, April 16, I attended his conference titled “The Logic of Conflict in the DRC: Militias, Resources, and Politics in the Kivu,” which was part of the Johns Hopkins - SAIS African Studies Program Spring 2010 Lecture Series.

Some heavyweights of the African and Congolese scenes were in attendance, including former Undersecretary for African Affairs Herman “Hank” Cohen, one of the few former American diplomats to voice concerns and serious doubts over AFRICOM; Tony Gambino, former head of USAID in Kinshasa, who’s been busy theorizing over the reform of the security sector in the Congo.

INTRODUCTION

Stearns started out, as in any good narrative, in media res, with the October 2008 CNDP offensive of Laurent Nkunda, a “key moment,” as it were, in understanding the conflict in the eastern Congo. That offensive was the “culmination” of Nkunda’s insurgency against the Congolese government that started roughly in 2004. In the face of the massive humanitarian disaster that ensued, with hundreds of thousands of IDPs, Kinshasa “freaked out” and “ratcheted up” the then stalled negotiations with Kigali, as the Congolese government realized that 1) the people behind the CNDP insurgency were actually located in Rwanda and 2) the military approach to end the conflict wasn’t working. Congo and Rwanda finally came to an agreement, an “enigmatic peace deal” around December 2008-January 2009.

This peace deal led to several different developments: Nkunda was arrested in Rwanda; the CNDP was integrated into the Congolese army; the Rwandan military was allowed to go into the Congo to “track down” and to “hunt down” the FDLR (Operation Umoja Wetu [Swahili = Our Unity]); and, after the withdrawal of Rwandan troops five to six weeks later, the Congolese army continued the military campaign against the FDLR (Operations Amani Leo [Swahili = Peace Today]).

Stearns was quick to point out that though this peace deal between Kigali and Kinshasa would look like “window dressing,” it was actually an unprecedented breakthrough, and a major “dramatic geopolitical shift” in the African Great Lakes region in a very long time. The rift between Rwanda and the Congo that dominated the conflicts in the region, overshadowing everything that went down in the Kivu provinces, “shifted” overnight. Whereas previously the DRC was allied with the FDLR to fight against Rwanda and the CNDP, Rwanda and the Congo had now joined forces to fight against the FDLR.

What was the impact of this geopolitical shift in the region?

There were some successes in these military operations, hailed by some humanitarian organizations, including the International Crisis Group (ICG), for which worked Jason Stearns as an analyst, such as: the integration into the Congolese army of over 20 000 CNDP fighters and various Maï-Maï combatants; the demobilization of more than 2 500 FDLR fighters; and the killing of an unknown number of FDLR elements. Though the exact figures are unavailable, it’s quite possible that roughly 40% of FDLR could have been killed since the Operation Umoja Wetu, “a huge dent in the FDLR organization.” These losses, in turn, caused major rifts within the FDLR leadership, thus somehow weakening the outfit.

The most important success is arguably the “makeover,” the “détente” in Rwandan-Congolese relations.

There are, however, some pitfalls that accompanied these developments: the FDLR isn’t dismantled, with its chain of command still intact; there are strong resentments within Kivu communities over this détente between Kigali and Kinshasa—these communities interpreting this deal between Rwanda and Congo as made to their detriment; and though the CNDP is now nominally integrated into the Congolese army, it maintains its parallel command and control. To some extent, this deal has even strengthened the CNDP.

It’s a strange situation that has happened to CNDP: it has been at once strengthened and weakened. It has splintered into two groups:

1) the Nkunda loyalists, led by Colonel Makenga, most of whom are Tutsis from Jomba (the Bajomba Tutsis), which is where Laurent Nkunda is from (area of Rutshuru close to the border with Rwanda and Uganda): this group maintains the loyalty of most of the CNDP officers;

2) the group of Bosco Ntaganda, who, in theory, is the head of the CNDP and a replacement of Nkunda; it controls fewer people, but it is the group that has the strongest support of Rwanda; it is also the group that has been able to set up an administration structure “to cement its control over” that part of the Kivu, around the “highlands of Masisi.” Therefore, though not militarily strong, it is a politically and administratively stronger group than the Makenga group.

The goal of the CNDP for now is “to stay alive till 2011” when general elections will be held, though they weren’t pleased that they weren’t given ministerial positions in the recent reshuffle of government in Kinshasa.

This is the current situation on the ground.

THEORY

Jason Stearns then zoomed out in order to analyze and offer his theory of the conflict. His theory stemmed from the following set of questions he strived to address: why was conflict continuing after a peace deal was already signed in 2003, general elections held in 2006, and violence ceasing in most of the Congo while escalating in eastern Congo? How could one make sense of this?

There are many “students” of Congo who offer various and contradictory theories:

1) One group claims that the conflict was “all about minerals”: “a bunch of power-hungry interest groups—be they multinational corporations or be they warlords—who are vying to get their hands on the minerals.” The focus here is on the “resource-aspect of things.”

2) There’s another group—mostly made of academics—that claims that it’s all about “local grievances”: land and ethnic grievances.

3) The claim of the third group is close to the view of the UN diplomats: “Let’s deal with the recognized actors”; no questions asked about “who they are and what they are doing.” This “school of thought isn’t analytically profound; it’s just pragmatic.” That’s how the peace process has been brokered from the beginning. This the “black box” school of thought: it doesn’t look inside the box; it just takes the box as it presents itself.

JASON STEARNS’S THEORY OF CONFLICT IN EASTERN CONGO

Jason Stearns’s theory encompasses “three layers” that give a clearer understanding of the simmering conflict in the Kivu provinces.

Initially, the conflict wasn’t about minerals. When Rwanda invaded the eastern Congo in 1996, this had nothing to do with minerals.

There were three dimensions that could help explain events: 1) there were local issues: tensions and problems of access to resources at the local level that were going on since the 1930s; 2) there were national issues, relative to the collapse of the Congolese state due to more than 30 years of Mobutu’s misrule; 3) and there were regional issues: genocide in Rwanda; refugee camps on the border with Rwanda.

While analysts would focus exclusively on the armed bands on the eastern borders of the DRC, they often forget that at the time there were other armed groups, like Angola’s UNITA, operating in other parts of the country as well—a situation that prompted an economist to quip that “Zaire was actually a Zaire-shaped hole in the middle of Africa.” Angolan, Ugandan, and Burundian armed groups were feeding into this gigantic hole.

These were the three dimensions that led to the conflict in eastern Congo, from which Stearns then theorizes.

Stearns’s theory rests on three hypotheses: 1) the "commitment problem"; 2) the “logic of disorder” in Kinshasa; 3) and the “Rwanda’s conundrum.”

1) The commitment problem. Issues-groups (business and political elites) in and around Goma—which is the “crucible of the conflict”—have a very serious commitment problem vis-à-vis the government in Kinshasa. It is not in their interests to demobilize the various armed groups in favor of a centralized seat of power in Kinshasa.

In light of this problematic commitment, the theory of “land issues” falls apart. These land issues could certainly be a “driving motor of conflicts.” In the 1930s, the Belgian colonial regime decided to “facilitate the immigration” into the Congo of thousands of Tutsis and Hutus from Rwanda to work into the mines and plantations of the Belgian Congo—a way of alleviating famine and population density in Rwanda. An “immigration on a massive scale.” By the time of Congo’s independence, Belgians had brought into the country close to 150 000 Rwandans—by and large, these waves comprised only Rwandan peasants, most of them Hutus.

Another wave of Rwandan migrants—this time, mostly educated Tutsis—came in around 1962, following the pogroms of Tutsis at the time of Rwanda’s independence.

About half a million of descendants of these people live in the highlands of Masisi, one of the most fertile areas of the Congo. They almost entirely displaced local populations that were there. In Masisi, “Rwandophones” are the majority population.

Mobutu’s reaction to this development was a “very astute one.” He “cultivated” these Rwandans according to the principle “Après moi le déluge” [After me, the flood]: a constituency he could rely on in the region, because these Rwandophones “had their backs against the wall.” They turned out to be his most loyal backers in the region.

These well-educated and wealthy Tutsi elites, just like any other immigrant groups in the world, lived in tight-knit communities. During the transition process in 1973 known as the “Zaïrianisation,” when Mobutu nationalized most of foreign businesses and lands, Mobutu sold them to these Tutsi elites. In the Masisi area, for instance, where about 42% of the place is made of large plantations (coffee and cattle ranches), Mobutu sold 90% of these lands to the wealthy Tutsi elites. Thus, in the Masisi region, not only were the local Hunde populations displaced, but economic power and “power of the land” were given to a minority population of the Tutsis, “which just stoke resentments against them all the more.”
And “in a cynical and brilliant move,” during the 1990s, when Mobutu came under attack and under pressure for democratization, he turned against these Rwandophone communities. He then devised what he called “la géopolitique”: stoking resentments in the periphery of Congo in order to distract opposition against him in Kinshasa. This resulted in an anti-Tutsi and anti-Hutu mobilization in the Kivu that led to violence in the Masisi area in 1993.

By the time Rwanda invaded Congo in 1996, almost every single Tutsi living in the rural areas of the Kivu had fled into Rwanda, which by then was controlled by the Tutsi-led RPF.

This was the context of the dynamics of ethnicity in the region.

But how would one understand the CNDP and other armed groups in the area today? Are they really motivated by land or ethnic grievances?

If anything, the obverse would be true: local communities are those who’d be rising up in arms against the Tutsis to vent their grievances. Besides, armed resistance has always been prevalent in the area for decades. Under Belgian colonial rule, there were armed groups such as the Kitawala (a variant of the Watch Tower or Jehovah Witnesses), etc. Though these groups were categorized as “ethnic uprisings” by the Belgians, they were actually made of disenfranchised unemployed youths “outside any ethnic structures.” Thus, even at that time the uprisings weren’t motivated by land or ethnic grievance per se.

Mobutu repressed ethnic allegiances but in the 1980s he abandoned that policy and started empowering ethnic-based “mutuelles” or local associations, which were “basically ethnic groups not necessarily focused around traditional chiefs, but ethnic associations that were strong in urban areas.” This was part of Mobutu’s policy of “Après moi le déluge”: again, “let’s create discord in the periphery of the country in order to distract from opposition against me.”

In the Kivu, there were two prominent of these ethnic “mutuelles”: 1) the MAGRIVI [Mutuelle des Agriculteurs des Virunga] of the Hutus; and 2) the ACOGENEKI of the Tutsis.

By 1993, the Tutsi “mutuelle” had become militarized. These “mutuelles,” which are the harbingers of the CNDP, weren’t controlled by traditional chiefs but by the “up and coming middle-class elites.”

Thus, it’s not all about lands and access to land; it’s all about a new way of politics in the region being expressed through these “mutuelles”; and the CNDP could readily fit into this category.

Now, how was the CNDP created and who supports it?

Since the late 1990s, the Kivu provinces were ruled by people closely associated with Rwanda and by the Rwandophone elites (RCD being one of these groups of people). During that period, anybody to emerge as a business or political elite was “linked in some shape or form to Rwanda.”

This in itself isn’t unique. Elsewhere in the Congo people who emerge are bound to do so through some form of political “patronage.” In this area of the country, it just happened that patronage was linked to Kigali: the Makabusa brothers, for instance, emerged through strong financial backing from Kigali. Some of these people benefited from a strong patronage under the Mobutu regime, then went on to shift their alliance to Rwanda.

These elites looked with great alarm at the 2003 peace agreement, when the country was supposed to be whole and centralized again. For seven and eight years, they had developed their own business networks in Goma and in North Kivu—not only in the mining sector, but in trade ventures in tea, coffee, cement, etc, as well—and didn’t see their interests in Joseph Kabila uniting the country, the army and the administration. They saw the peace deal as a clear and present danger to their business networks. It was in this context that CNDP was created.

The CNDP was by no means a “grassroots rebellion” of Congolese Tutsis against Kabila whom they saw as a “dictator.” What really happened was that these business elites in Goma and Kigali felt that all their business and security interests would be “eviscerated” if they were “to allow this [peace deal] to happen”: “We don’t trust Kabila, because we’re a minority, (…), we need power in the region and leverage in the scene.”

The CNDP was created by telephone calls from Rwandan security services to Nkunda and other Tutsi officers who were in the RCD rebel outfit, calls that instructed them “not to integrate the Congolese army; stay back; create your own army; we need a plan B; (…), we need a leverage on the Congolese government, (…), political leverage won’t be enough, we need military leverage.” The CNDP was therefore a “top-down creation.” Nkunda, being a “charismatic man,” then mobilized the community around the idea, “tapping into (…) local resentments.”

Stearns insisted his analysis isn’t done to “castigate the Tutsi community.” There were all sorts of security dangers to the Tutsi communities as the simmering resentments of other Congolese communities might come to the fore in the wake of the peace deal. What were other alternatives out there for the Tutsi communities to protect their interests? Could they just rely on the rule of law? Could they just rely on Kabila? In the absence of strong institutions in the Congo, who would they trust? This goes to the core of the “commitment problem.”


In the South Kivu province, the situation is different. Some communities could easily switch their alliances from Kigali to Kinshasa. In contrast, there seemed to be no alternative to the Tutsi community of North Kivu.

This is the major “commitment problem” that requires the attention of  the international community when it looks at ways of resolving crises in that part of the Congo: how to create strong enough institutions that everyone would trust them? How could one tell the Tutsi community: “allow the CNDP to be completely demobilized and we’ll protect your interests”? Or “Believe our promises.” Well, no one would believe such promises.

2) The Logic of Disorder in Kinshasa. Stearns here shifts his focus to Kinshasa and its interests in this situation. He boldly hypothesizes that since coming to power, Joseph Kabila has shown little interest in creating strong institutions.

Despite Kabila’s rhetoric, his preferred modus operandi is to operate outside the strictures of the Constitution. For instance: it’s not the Minister of Defense who primarily deals with the Armed Forces, it’s someone else in Kabila’s own personal military cabinet who deals with them; it’s not the Minister of Interior who deals with issues regarding the police and internal law and order, it’s someone in the inner circle of Kabila. He thus maintains a “strong parallel chain of command.” This is quite obvious with the Prime Minister Adolphe Muzito himself who “has nothing to say on many of the sensitive issues,” especially on security issues and on important economic deals.

Muzito for example had nothing to do with the Chinese deal. This was the purview of Pierre Lumbi and Katumba Mwanke. In fact, Katumba Mwanke is illustrative of Kabila’s style of governance. Katumba Mwanke used to be the head of Kabila’s political coalition. He now doesn’t really have an official governmental position but yet he is the “incontournable” [gatekeeper] in Kinshasa, that is, “you can’t go around Katumba Mwanke, (…), especially in the mining industry.” Mwanke is also “incontournable” in security issues: he was instrumental in the peace deal with Kigali.

Kabila also shows a total disregard for the judiciary. He wants to change the Constitution, and he is asking for a “constitutional review,” which, among other things, would allow him to head the “Conseil supérieur de la magistrature,” the body that manages and disciplines judges—the French model, his supporters claim, though some argue that the French model wouldn’t necessarily be good for the Congo.

Not everything is bleak under Kabila, however. He managed to reform the administration and to double the country’s internal revenues. Overall, the economy is better than what it was 5 or 6 years ago.

But on many levels, the situation has worsened. For instance, Kabila pretty much fired the president of the National Assembly, Vital Kamerhe, thus infringing upon the independence of the legislature. Kabila then named someone close to him [Evariste Boshap] as president of the National Assembly. What’s more, “on a regular basis, MPs are bought off or co-opted.” The opposition is weakened and some opposition MPs just jostle each other in order to position themselves so that they could be “bought off.”


Why this “logic of disorder”?

Stearns seems to still be fleshing out this hypothesis. In the meanwhile, he speculates that this has to do with Kabila’s drive for “control”; his fear of creating “competing centers of power” that would ultimately weaken him (he thus seems to be taking his lessons from Mobutu’s book of governance). By allowing strong institutions to emerge, these strong institutions would come back to “bite you, to tie your hand behind your back in terms of what you can do and what you can’t do.” These institutions would also create “independent competing centers of power.”

A second reason is that because business and politics are so interwoven in the Congo, this situation has obtained “a zero-sum game” scenario. For instance, according to the World Bank, if a business in the Congo were to pay all the taxes it is supposed to pay, it’d be paying 250% of its profits in taxes! In other words, if you want to run a profitable business in the Congo, you need “political cover,” someone to help you skirt red tape and taxes.

Therefore, institutions that want to engage the Congolese government in capacity-building of Congolese institutions—the World Bank or other organizations or, for that matter, the U.S. government—need to understand Kabila’s unwillingness to build strong institutions. There’s strong evidence that Kabila wants to keep these institutions weak.

3) Stearns then tackled what he called the “third part of [his] puzzle” (hypothesis): “Rwanda’s conundrum.” He prefaced this part of his theory by asserting that he doesn’t see much of a “sane debate” on Rwanda around: on the one hand, some people blame Rwandans for everything bad in the region; on the other, there are those who praise them for anything positive. Stearns disagrees with both of these stances: “They are not angels, and they aren’t demons” either. The Rwandan government is like any other government, and people need to understand it. Unable to understand anything that goes on in Kigali, some just choose either one of these positions and do not go further in their analysis.

The RPF is a government that came to power by force in 1994 in a Tutsi-led rebellion. They have little interest in democracy, construing it as a code word for “majoritarianism.” They equate “free speech” with genocidal tendency. They aren’t going to relinquish power one day in the name of democracy. In that neighborhood, “once you are out, you are out.” You’re not going to come back after, say, 5 years on the sideline as the opposition party.

The RPF power structure is different from that of Kinshasa where power radiates in concentric circles from the center constituted by Kabila. For instance, Kabila’s mother, Maman Sifa, has “patronage scheme networks” in the customs service and in the DGM (Direction Générale de Migration). There are thus several of these patronage schemes around Kabila.

By contrast, in Rwanda, it’s a “pyramid-scheme of power.” The RPF is good at keeping everyone in check and control. There are few networks and very efficiently centralized resources. Stearns acknowledges that everything he alleges on Rwanda is difficult to verify, thus he wouldn’t like being quoted on this score. Through privatization schemes in the DRC, Rwanda controls vast resources in the Congo and in Rwanda.

The prototype of this type of schemes is for instance the Tri-Star Investments, a company created in the 1990s. Another example is the RIG (Rwanda Investment Group). These companies are made by private individuals who are with the RPF and who pool money and resources and take control of assets. For instance, the exploitation of the methane gas in Lake Kivu was given to RIG who then partnered with an American company. But “where you see RIG, you see RPF.”

This scheme is duplicated in all the schemes of privatizations in Rwanda: cement-making industry, breweries, etc. The RPF keeps shares in these companies. The rationale was that as nobody wanted to invest in Rwanda, it was incumbent upon the RPF to come up with a huge chunk of the initial capital investments. That’s why the RPF “took an aggressive and intrusive approach into the private economy” and its control of the economy is simply “impressive.”

But there have been rifts in the RPF as well, from the 1990s down to today. The more recent defections, however, are different and far more serious. The head of the external branch of intelligence, Patrick Karegeya, had to flee the country; the former chief of the army, Kayumba Nyamwasa, fled into exile; there are unconfirmed reports that the deputy chief of military intelligence, Kacyira, has been arrested. These people aren’t non-entities within the Rwandan establishment. These people were on the list of the top dozen people in Rwanda.

What this means for the RPF is unclear, though it still has everything under control.

How does this fit within the context of the Congo?

The FDLR, though weakened, still represents a threat to Rwanda. Just consider the devastating impact of the infiltration by FDLR elements into the National Park where they’d for instance slaughter all the gorillas. They could also attack the cement or the methane gas factories or the breweries. In any case, this is the “spiel” given by Rwandan security and intelligence officials when told that the FDLR threat is overblown.

What’s more, the “symbolic and political importance of genocide” can’t be stressed enough. “Genocide is everything in Rwanda,” asserts Stearns. Every aspect of discourse is pervaded by genocide.

Powerful people in Rwanda have economic interests in the Congo: for instance, Rwanda’s cassiterite comes from the Kivu.


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At the close of his remarks, Stearns briefly addressed the questions of the minerals bills on Capitol Hill and of the anti-conflict minerals advocacy of groups such as the Enough Project.

Is the conflict all about minerals? Not really, Stearns answers his own rhetorical question. Minerals weren’t the initial contention of the war to begin with. Do minerals and cell phones “fund rapes” in eastern DRC? Maybe… but most of the minerals used in electronics in the U.S. don’t come from the Congo. The biggest culprits of rapes in the Congo are Congolese soldiers who are deployed in other areas of the Congo. There are groups like the LRA that have no connections to minerals who nonetheless commit wanton atrocities and mass rapes.

The “supply-chain due diligence” approach is a very important step for sure, but it should rather be envisioned within the framework of strengthening Congolese institutions to prevent this kind of abuse happening in the future. In other words, getting rid of these minerals wouldn’t end the conflict in eastern DRC.

The proposed bills in Congress and the advocacy by some groups in the U.S. boil down to two sets of actions: 1) due diligence and 2) certification at source—which are two sides of the same coin.

Due diligence means that the companies operating in the U.S. that use this kind of minerals have to develop a traceability procedure of these minerals through their chain of supply. This is based on the presumption that one would know what qualifies as conflict mineral and non-conflict mineral.

This in itself constitutes a huge challenge as minerals in the Congo come from bits and pieces of mines spread over a territory of the size of California. And access to those mines is controlled by various armed groups. Once these minerals leave the mines and get at the big buyers’ “comptoirs” in urban centers, they are soon mixed with minerals coming out of the mines that aren’t controlled by armed groups. Thus very soon you lose control of what is conflict mineral and what is not.

That’s why you have groups like The Enough Project that want to have the certification at source (it has since nuanced its position), meaning that there would be someone at source (the mine pit, that is) to put a seal on bags, asserting that the given batches aren’t conflict minerals for instance. Given that the area is the size of California with hundreds of pits, this certification at source isn’t realistic at the moment.

The approach that is more realistic in the short term, according to Stearns, is to tackle the problem from two angles:

1) “Let’s not certify every single bag coming from eastern Congo, rather let’s conduct spot checks.” Stearns here advises that the best approach would be what the police approach in the United States to prevent drunk driving. The police don’t stop and subject every single person who gets into an automobile to a breathalyzer test. They carry out spot checks, stopping randomly a few drivers. In the Congo, there could be created an independent panel of trained staff to carry out investigations that would seek out people violating the rules. This would allow the certification of what could be certified, thus creating “islands of transparency.”

2) What would be the responsibility of Congo's international partners in this process, of the U.S. government for example? In the Congo, Stearns hypothesizes, there’s a conjuncture akin to a “Karzai situation.” In other words, how do you push for institutional reform when the incumbent himself doesn’t see his interests in those reforms? Problems of “commitment” thus need to be tackled head on, as well as a host of other regional issues.


 

Sunday, April 18, 2010

Sunday, May 29, 2011

COTE D'IVOIRE: Le commandant Adama Sidibé : «Pourquoi Gbagbo ne pouvait pas gagner la guerre»

Le procureur militaire, Ange Bernard Kessi Kouamé, le décrivait en 2001 lors du procès du « cheval blanc » comme un « élément dangereux capable de combattre sous l’eau, dans les airs et sur terre ». Incarcéré, le commandant Adama Sidibé réussit à s’évader de la Maison militaire d’Abidjan. Après dix ans d’exil, le commando marin a regagné son pays à la faveur de la chute de Laurent Gbagbo. Il s’est ouvert à nous. Entretien.

Akwaba mon commandant. Vous retrouvez votre pays après dix ans d’exil. Quels sont vos premiers sentiments ?
La question est pertinente parce qu’il y a plusieurs domaines qu’il faut aborder. Sur l’aspect même du pays, j’ai constaté qu’il y a eu beaucoup d’évolutions mais de manière anarchique. J’ai eu du mal à m’orienter. Sur l’aspect humain, je suis agréablement surpris qu’après seulement quelques semaines de la grande crise que nous avons traversée, les Ivoiriens aient repris le cours normal de la vie. J’aimerais dire un grand merci à toute la Côte d’Ivoire, remercié chaque Ivoirien pour le travail abattu et le courage dont ils ont fait preuve pendant ces dix années de braise. De loin, nous avons suivi les événements. La situation n’était pas du tout facile. J’ai une pensée toute particulière pour tous ceux qui sont tombés au combat, je présente mes condoléances à tous les Ivoiriens. Je souhaite un grand courage à ceux qui ont perdu un proche.

Vous avez fait beaucoup de contributions dans la presse au cours de ces dix dernières années. Pour ceux qui ne vous connaissent pas suffisamment, qui est le commandant Sidibé ?
Le commandant Adama Sidibé est un marin. Je suis, de formation initiale, chef de travaux dans la construction d’arme et navale. Par la suite, j’ai basculé. J’ai changé de spécialité pour devenir commando marin. Pour cela, j’ai subi une formation en France parce qu’on avait besoin d’un officier pour organiser les fusiliers marins qui n’étaient pas constitués en unité effective. C’est après qu’il y a eu le premier arrêté de création de la première compagnie de fusiliers marins. Après avoir commandé la compagnie pendant huit ans, je suis allé à la Minurca avec la première mission onusienne de la Côte d’Ivoire. Et c’est quand nous sommes revenus qu’est survenu le premier coup d’Etat qui a renversé le président Bédié.

Au cours du procès du « Complot du cheval blanc » sous la transition dirigée par le général Robert Guéi, le procureur militaire vous qualifiait « d’homme dangereux capable de faire des combats sous l’eau, dans les airs et sur terre ». Vous confirmez tout ce qu’Ange Kessy disait de vous en réussissant à vous évader de la Mama (Maison d’arrêt militaire d’Abidjan). Comment s’est déroulée votre évasion?
(Hésitation). Les circonstances de mon évasion ? C’est un secret militaire. (Rire). Disons simplement que je n’avais pas accepté la condamnation. Le premier devoir d’un prisonnier militaire, c’est de chercher à s’évader. C’est ce que j’ai fait. Si je voulais faire un coup d’Etat comme on m’accusait, je l’aurais bien préparé avant de l’exécuter. Mon évasion, je l’ai préparée. J’ai fait des reconnaissances des lieux et ensuite je me suis évadé de la Mama. Souffrez que je ne donne pas les détails de mon évasion.

Que vous reprochait concrètement le tribunal militaire ?
On m’accusait d’avoir été le cerveau du « complot du cheval blanc », le fameux coup d’Etat contre le général Guéi en 2000. Mais comme tout le monde l’a su lors du procès, le dossier était vide. Jusqu’à ce jour, il n’existe aucun élément de preuve qui puisse démontrer que j’étais lié à cet événement.

N’est-ce pas parce que vous étiez l’aide de camp du général Palenfo?
Je n’étais pas l’aide de camp du général Palenfo. J’étais le chef chargé de la sécurité du général Palenfo. J’avais une équipe avec laquelle je suis resté en contact jusqu’aujourd’hui.

Après votre évasion, vous ne vous êtes pas arrêté tout prêt. Pourquoi n’êtes-vous resté dans la sous-région par exemple?
J’avais plusieurs destinations. Mais pour une question de sécurité, j’ai préféré aller le plus loin possible. Et puis, quand je sortais de prison, j’étais mal en point car j’ai été torturé. J’avais encore les séquelles. J’aurais pu aller en France mais j’ai trouvé ce pays trop proche de la Côte d’Ivoire. L’endroit que je trouvais le plus sécurisé pour me mettre à l’abri de toute surprise était la Suède.

On s’attendait à voir le commandant Sidibé dans les rangs des ex-rebelles en septembre 2002. Est-ce parce que vous n’épousiez pas leur combat ?
J’aurais pu rejoindre les Forces nouvelles mais je n’étais pas opérationnel suite aux séquelles de ma torture à la Mama. Je me suis éloigné du pays pour me remettre en forme. C’est la raison pour laquelle je n’étais pas avec les FN. Mais j’étais de cœur avec mes frères d’arme. Disons que ma contribution était morale. J’avais des contacts avec des éléments sur le terrain. Cela est évident. C’est comme lors du lancement d’une fusée à la Nasa. On ne voit que les astronautes qui sont dans la fusée, mais il y a beaucoup de personnes qui contribuent au vol. De là où on était, nous avons contribué à notre manière à cette rébellion.

Le général Guéi a trouvé la mort aux premières heures de la rébellion. Sa mort vous a-t-il surpris?
(Long silence). J’ai appris la mort du général Guéi avec beaucoup de tristesse et de regret. J’avais rédigé un premier article pendant mon exil qui a fait la une du quotidien 24 Heures qui ne paraît malheureusement plus. Dans cet article, je conseillais au général Guéi qu’il gagnerait à rester dans son village à Kabakouma. Je lui disais que s’il rentrait dans la République, il serait arrêté, jugé et condamné comme les généraux Palenfo et Coulibaly. Malheureusement, il n’a pas écouté mes conseils.

De quels éléments disposiez-vous pour déconseiller à Guéi de rentrer dans la République?
Dans le même article, j’avais souligné que Laurent Gbagbo n’avait qu’un seul et unique objectif : se faire appeler « Monsieur le président de la République ». C’était tout le sens de son combat politique. Après ça, il n’y avait rien d’autre. Ce sont ces éléments qui m’ont permis d’analyser la situation et d’aboutir à cette conclusion. C’est dommage, j’ai eu tort d’avoir raison trop tôt.

L’exil n’est jamais facile. Quel est le secret du commandant pour rester en dehors de la Côte d’Ivoire pendant plus de dix ans ?
Comme on le dit dans notre milieu, on est commando ou on ne l’est pas. Un commando s’adapte à toutes les situations. Nous avons ce que nous appelons « survie » dans notre univers. Il y a des opérations où l’homme est obligé de se battre pour survivre. Je suis arrivé dans un pays où tout était nouveau pour moi. Il fallait reconstruire ma vie à partir de rien. Je suis donc retourné à l’école pour poursuivre les études. J’ai fait un stage sur le système technique en téléphonie mobile. Le handicap le plus sérieux, c’était la langue. Alors je me suis dit que le plus facile pour moi, c’était d’être chauffeur de taxi. J’ai pris des cours de conduite qui m’ont permis d’avoir ma licence. J’ai effectué un autre stage dans la plus grande entreprise de Stockholm où j’ai obtenu une autre licence. J’ai commencé à conduire au bout d’un an à Stockholm.

Un commando devenu chauffeur de taxi en Suède ! Quelle histoire!
Le combat a plusieurs facettes. J’étais convaincu de l’aboutissement de notre combat. C’est cela qui m’a donné cette force de m’élever au-dessus de tout pour survivre. J’avoue que ça n’a pas été facile. Dès la première année, ma femme a fait une grosse dépression qui a duré dix ans.

Est-elle restée au pays?
Non. Elle était avec moi. Nous nous sommes évadés le même jour. Elle est restée dix ans dans une dépression. Il fallait gérer cela. J’ai également inscrit ma fille dans une école de Stockholm. Je me suis parfois demandé d’où est-ce que je tirais toute cette énergie. Je rends grâce à Dieu qui a été mon principal appui.

Qu’est-ce qui vous a motivé à mettre un terme à votre exil et à regagner la Côte d’Ivoire, dix ans après?
J’ai mis un terme à mon exil parce que notre combat a abouti avec le départ de Laurent Gbagbo du pouvoir. Il n’y a plus de raison que je reste hors de mon pays.

Comment avez-vous été accueilli par vos frères d’arme ?
Avant mon retour au pays, je savais que l’armée, en tant que telle, était disloquée. Beaucoup ne retrouvent pas encore leur marque. Mes anciens collaborateurs et amis sont venus m’accueillir à l’aéroport. Sur le plan administratif, j’avais des contacts avec l’ancien commandant de la Marine, le colonel major Mégnan Diomandé. C’est lui qui m’a introduit dans le circuit. J’ai pris contact avec le directeur de cabinet du Premier ministre, ministre de la Défense ainsi que le procureur militaire, Ange Bernard Kessi. J’étais récemment au ministère de la Défense où j’ai rencontré le général Gueu Michel. Sur ce plan, je pense que les choses vont se normaliser.

Les conditions sont-elles aujourd’hui réunies pour le retour des exilés ?
Tous les exilés peuvent aujourd’hui rentrer en Côte d’Ivoire puisque le président de la République Alassane Ouattara prône la réconciliation. Quelque soit la faute commise, je pense que tous les fils de la Côte d’Ivoire doivent rentrer. La situation se normalise, la population vague à ses occupations. Il reste quelques réglages au niveau de l’armée, mais nous pensons que les choses vont très rapidement rentrer dans l’ordre.

Beaucoup de soldats proches de Gbagbo sont éparpillés dans la sous-région. Ne constituent-ils pas une réelle menace pour les nouvelles autorités ?
C’est dommage qu’on se sente fort quand on use du pouvoir d’Etat. Quand ces hommes étaient sur place, ils avaient plus de force que maintenant où ils sont hors du pays. Vu la tournure que les choses ont prises, ils sont conscients aujourd’hui qu’aucune déstabilisation ne pourra aboutir. Ils gagneraient à négocier pour rentrer tranquillement dans la République. Moi, je sais ce que c’est que l’exil. Ce n’est pas facile de vivre en exil. Ils ne pourront pas tenir une année hors du pays. Je souhaite qu’ils soient habités par la sagesse pour qu’ils se décident à rentrer au pays.

Que savez-vous de Konan Boniface, l’ancien com’théâtre? Il semble que vous faites partie de ceux qui l’ont formé
Formé ? C’est trop dire. Konan Boniface était mon adjoint. Il a été en formation aux Etats-Unis. Il a dû apprendre des choses auprès de moi. Aujourd’hui, il est plus gradé que moi. C’est tout ce que je sais de lui.

Qu’en est-il de votre solde ? A-t-elle été coupée ? Allez-vous exiger qu’elle soit rétablie ?
Je n’exige jamais rien, je suis militaire. Je suis rentré au pays après plus de dix ans. J’ai rencontré le procureur militaire, il a promis de me rétablir dans mes fonctions et dans l’armée. J’attends. Je ne peux pas exiger quoi que ce soit.

Comment s’est déroulé votre premier contact avec le procureur militaire, Ange-Bernard Kessi qui vous décrivait à l’époque comme un « homme dangereux » ?
L’essentiel pour moi, c’était la victoire de la démocratie sur la forfaiture, la victoire de la vérité sur le mensonge. C’est désormais chose faite. Tout le reste n’est que des détails. C’était un procès politique. Il n’y avait pas que le procureur militaire dans cette affaire. Il a certainement joué sa partition. Il faut comprendre le contexte dans lequel le procès s’est déroulé. Je suis heureux de retrouver un frère, un collègue, un officier, un ami. Je le comprends.

La chute de Laurent Gbagbo vous a-t-elle surpris?
Non ! Cela ne m’a pas surpris. Référez-vous à mon avant dernier article publié dans un autre journal de la place. J’avais dis que Gbagbo devait prendre l’exemple sur le cas de Saddam Hussein. La Côte d’Ivoire n’était pas plus armée que l’Irak. Et pourtant, Saddam Hussein est tombé. C’était prévisible. Un individu ne peut pas opérer un hold-up électoral et se dresser contre le monde entier. C’était un combat perdu d’avance. J’avais mentionné aussi dans mon article que l’armée n’existait plus. Une armée, c’est une organisation. Quand vous sortez de cette organisation, vous n’avez plus d’armée. C’est ce qu’on a vu avec des miliciens, avec des groupes comme le Demir qui regroupait des gendarmes, des policiers et des militaires. Il n’y avait aucune cohésion. Une armée a sa propre logique. En dehors de cette logique, vous n’avez plus d’armée. Vous ne pouvez que perdre la guerre. C’est ce qui est arrivé à Gbagbo. Mais pire, la chaine de commandement était brisée. Un seul exemple pour étayer cela, c’est que pendant l’avancée des Forces républicaines, le com’théâtre, Konan Boniface, a décroché depuis Yamoussoukro sans informer les éléments qu’il commandait sur la ligne de front. Quand ses hommes ont eu l’information, ils ont déposé les armes.




Comment les nouvelles autorités doivent-elles s’y prendre pour reformer l’armée pour en faire une institution forte et républicaine?

Il serait prétentieux de ma part de dire que j’ai une solution toute faite pour remettre l’armée ivoirienne sur pied. Mais je pense que la Côte d’Ivoire regorge de compétences à ce niveau. Nous avons beaucoup d’officiers qui sont capables de produire un travail potable afin que nous arrivions à rétablir l’ordre dans l’armée, à la rendre républicaine. Cela se fera avec des directives précises du président de la République.

Pensez-vous que les jeunes volontaires qui ont combattu au côté des FRCI accepteront-ils de déposer les armes ?
C’est une question purement militaire et je crois qu’il faut que les militaires y travaillent. Je viens à peine de rentrer d’exil. Je ne suis dans aucune commission, il serait difficile d’avancer quelque chose.

Des officiers généraux qui ont servi loyalement Gbagbo ont fait allégeance à Alassane Ouattara après sa chute le 11 avril. Pensez-vous qu’ils sont sincères?
(Moment de silence). Il y a eu des actes commis, il faut attendre et juger les gens sur les actes. La crise est terminée, il faut laisser le temps à chaque personne de s’exprimer et de démontrer qu’il est sincère dans son repentir ou dans son acte d’allégeance. Il serait maladroit de les juger d’entrée de jeu. Certains regrettent très sincèrement tout ce qui est arrivé.


Faut-il, comme le souhaitent certains, passer l’éponge sur tout ce qui s’est passé au nom de la réconciliation ?
Il appartient aux juristes de savoir jusqu’où ils vont pousser le bouchon parce que le président de la République a donné des instructions fermes. Il a même dit qu’il faudrait que tous les coupables soient punis. Je ne peux rien ajouter à cela. Il faut s’en tenir à ce que le président Ouattara a dit.




Avez-vous gardé les contacts avec le général Palenfo, votre ancien patron ?
Nous sommes allés l’accueillir le jour de son arrivée. Il fallait qu’on présente nos respects à un aîné, à un chef. C’est ce que nous avons fait.

Houphouët aimait à dire qu’il voulait une petite armée bien formée à la tête d’un petit pays. Aujourd’hui n’avez-vous pas le sentiment que la Côte d’Ivoire a une armée mexicaine avec ses nombreux généraux à trois ou quatre étoiles?
Les textes sont clairs de toute façon dans les armées. C’est l’adéquation grade-emploi. A un certain volume, il y a les grades de commandement qui se définissent jusqu’au plus bas de l’échelon. L’institution militaire va s’appuyer sur les textes pour recadrer les choses. Ceux qui seront en surplus, on leur trouvera d’autres occupations. Houphouët nous a enseignés qu’on pouvait servir son pays à tous les postes pourvu qu’on y mette du cœur. L’essentiel pour moi, c’est ce qu’on apprend chaque jour dans la vie. Je suis resté dix ans hors de l’armée. Ce fut une expérience très enrichissante, pas seulement au plan militaire, mais de la vie tout court.

Quel rôle pourrait jouer le général Mathias Doué dans la nouvelle armée ?
Je ne peux pas le dire avec précision, mais chacun pourra apporter sa contribution à la reconstruction de cette armée.


Interview réalisée par Traoré M. Ahmed et Jean-Roche Kouamé


Source: L'Expression(ci), du 30/05/2011

EGYPTE/ETHIOPIE: Tensions dans le bassin du Nil

L'Egypte et l'Ethiopie sont à couteaux tirés. La cause de leur différend: l'eau. Le terrain de leur conflit: le bassin du Nil.

L'Ethiopie, le Kenya, l'Ouganda, le Burundi, le Rwanda et la Tanzanie sont depuis 2010 signataires d'un nouveau traité du partage des eaux du Nil. Ce texte remet en cause un précédent traité qui datait de 1929, élaboré par la Grande-Bretagne au nom de ses colonies arrosées par le fleuve et amendé en 1959 par l'Egypte et le Soudan.
Ce premier traité de partage accordait la part du lion à l'Egypte et au Soudan, qui à eux seuls jouissaient d'environ 90% des eaux du Nil. L'Egypte disposait également d'un droit de veto pour s'opposer à tout projet sur le fleuve. Le nouveau texte signé par les six pays contestataires renie complètement le précédent, supprime le droit de veto égyptien et surtout ne définit aucun quota d'accès à l'eau.
Pour enfoncer le clou, l'Ethiopie a lancé début avril 2011 le chantier de son Grand barrage du Millénaire. Il se situera dans l'Etat du Benshangdul Oumuz, à 40 km de la frontière soudanaise. Le Millenium dam devrait être prêt pour 2014. Il produirait plus de 5.000 mégawatts, retiendrait près de 63 milliards de m3 d'eau et deviendrait le premier barrage d'Afrique.

Les craintes de l'Egypte

Il n'en fallait pas plus à l'Egypte pour avoir des sueurs froides et se lancer dans une croisade sur le Nil. Le gouvernement de Moubarak avait déjà confié que «la création d'un système remettant en cause le quota des eaux du Nil constituerait une menace mortelle». Avec une population de plus de 70 millions d'habitants, l'Egypte redoute des pénuries d'eau d'ici à 2017.
Elle s'est donc lancée dans une grande tournée des Etats du bassin du Nil pour les faire changer d'avis. L'Egypte a aussi demandé à l'Ethiopie l'autorisation de mener des études d'impact du barrage. En vain. Elle a donc fini par refuser d'apporter le moindre soutien financier au projet. L'Ethiopie devra assumer seule les 80 milliards de birrs (environ 4 milliards d'euros) que devrait coûter le chantier.
Entre les deux pays, le torchon brûle. A l'inauguration du chantier, le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, a manifesté sa déception:
«Compte tenu des bienfaits qu'apportera le barrage du Millénaire à l'Egypte et au Soudan, ils auraient dû participer à hauteur de 20% aux frais de construction.»
«C'est un projet gagnant-gagnant pour tout le monde, a ajouté quelques semaines plus tard Hailermariam Dessalegn, ministre des Affaires étrangères éthiopien. En régulant les flots, le barrage permettra de limiter la sécheresse et les inondations. Il facilitera aussi la navigation sur le Nil. Nous sommes un pays indépendant prêt à coopérer, mais il n'y a pas de raison que l'Egypte mène des études unilatéralement.»

Le tournant de la révolution égyptienne

Depuis le changement de régime après la chute d'Hosni Moubarak, l'Egypte opte pour une autre stratégie et tente un rapprochement diplomatique. Le Premier ministre, Essam Abdulaziz Shariff, a effectué une nouvelle tournée des pays du bassin du Nil. Après l'Ouganda, il s'est arrêté en Ethiopie.
«Les deux pays vont instaurer de nouveaux rapports, non seulement en ce qui concerne l'eau mais aussi d'autres sujets de coopération», affirme un diplomate égyptien. L'Egypte et l'Ethiopie ont donc convenu de la mise en place d'une commission bilatérale qui gérerait tous les projets concernant le Nil.
«C'est un bon début, confirme Dina Mufti, porte-parole du ministère des Affaires étrangères éthiopien. Il faut voir où cela nous mène mais c'est un grand changement.»
Pas un mot néanmoins sur le barrage du Millénaire. Désespérée, l'Egypte semble changer d'attitude et tenter une approche plus subtile que la confrontation. Mais elle a longtemps négligé ses relations diplomatiques avec l'Afrique subsaharienne et en paie le prix. Aujourd'hui, d'autres Etats sont bien plus influents que l'Egypte en Afrique de l'Est, comme la Chine. Israël soutient également plusieurs projets de barrage en Ethiopie et en Ouganda, en espérant un jour accéder aux eaux du Nil.

Author: Gaëlle Laleix
Source: Slate Afrique, du 20/05/2011

UGANDA: Were Bukenya, Mbabazi removed from the queue?

Is former Security Minister Amama Mbabazi now closer to the presidential queue or has he been put to out to pasture in his new posting as prime minister in a political set up where the country has an executive President? Can he supervise his Cabinet colleagues given that there are questions about his personality and accessibility?
How about Prof. Gilbert Bukenya, the former vice president. Will he make a comeback or will he now be left to vegetate as MP for Busiro North and that is if he defeats an ongoing petition against his election in the High Court?
Answers to these questions could shed some light on the vexed matter of succession if President Museveni decides to call it quits after his current term ends in 2016.
The two men have featured prominently in the debate about who could replace President Museveni; they have openly clashed over the post of Secretary General of the ruling party, a position which Mr Mbabazi currently holds but is set to relinquish. In all this, they have each built clearly defined power bases in the National Resistance Movement party.
Early in the week, Prof. Bukenya told this newspaper that although he was out of Cabinet, he would remain strong in the party -- carrying out “mobilisation”. He also said that he will not hesitate to criticise both the party and Parliament whenever the two institutions go wrong.
To help us answer these questions, Sunday Monitor interviewed a range of leading academics and politicians on the recent appointment of Mr Mbabazi to the post of Prime Minister by President Museveni.
In naming him Prime Minister, President Museveni was careful to emphasise that it would be imprudent for Mr Mbabazi to remain as Security Minister as well as the Secretary of NRM.
The reason being that it will compromise his effectiveness in defending policy and supervising government work both in Parliament and on the ground.
But to others who are knowledgeable about how Mr Museveni operates, the changes were deliberate and partly intended to extinguish the bickering in NRM which has largely been driven by the opposing camps in the fight for primacy in the purported queue.
Made real
A former comrade of the two in Cabinet who sought anonymity in order to speak freely, told this paper that the long awaited delinking of Mr Mbabazi from Security and the party politics had finally been made real.
Nevertheless, he said the removal of Prof. Bukenya from Vice Presidency could be part of the wider plan by Mr Museveni to have the wings of the two nemeses jostling for his replacement clipped, thereby snuffing out, or at least suspending, any debate about his own political future.
“It’s only you who don’t understand Mzee (Mr Museveni). He will pull you nearer him and before you realise you have been dropped. He will possibly read reports but he won’t disappoint you when you expect it but when you least expect and so us let us watch,” he said, adding, “and for Bukenya, I cannot speculate, he is not a person to dismiss as finished.”
Another person who worked with both gentlemen is former spy now turned opposition politician Maj. John Kazoora who faulted the two for publicly bickering for the highest office when Mr Museveni is still alive and interested.
“Mr Museveni is still here until he dies, he can live for more 30 years. So, for those people; Mbabazi and Bukenya, to think that they were going to replace him was day dreaming. Even his son shouldn’t think about it when he is still alive,” Maj. Kazoora commented. Former minister Edward Babu believes that whereas the two are rivals over who is stronger and therefore better placed to replace Mr Museveni, Prof. Bukenya miscalculated by clashing with his junior and at the same time his integrity was questioned given the numerous scandals he got involved in.
“Could the argument between Bukenya and Mbabazi have gone overboard? Did Bukenya step so low to fight a minister and by the way do you think the Nakku saga was a smear campaign against him?”
Veteran politician Yona Kanyomozi, however, underscores the fact that whereas the post of Prime Minister is recognised in the Constitution, its relevance in the Ugandan context does not carry weight because the country is run by an executive president. He said having removed Prof. Bukenya from play, Mr Museveni could have decided to also remove Mr Mbabazi from the much-talked about queue so that both men are in effectively neutralised.
“The Secretary General is the strongest man in the party and once they have removed you from the party then this is to prepare you to retire. The premiership is non-existent because we have an executive president,” Mr Kanyomozi said.
Makerere University don Edward Kakonge concurs with Mr Kanyomozi but said that the removal of Mr Mbabazi from Security and direct handling of the inner workings of NRM politics could have been a result of the resolutions agreed at the party’s national assembly last year that bars a serving minister from simultaneously holding the job of SG.
“When I saw that thing (the resolution to bar a minister from being secretary general), I also wondered whether he (the President) wanted to distance him from the party. In their own NRM they passed a resolution to delink party office from government. But this man (Mr Mbabazi) may think that he was promoted yet he has been demoted and there could a hidden agenda,” Prof. Kakonge said.
“It is too early to speculate but I cannot dismiss that the removal of Bukenya from vice-presidency and Mbabazi from security and SG of NRM at the same time when they both have been fighting to replace Museveni himself,” he added.
Former Ndorwa West MP and city businessman Shem Bageine, who hails from Kigezi sub-region like Mbabazi, welcomed the appointment of Mr Mbabazi but said he did not expect anybody as a minister to be seen as a tribal chief but rather a national minister to serve the country.
“Anybody who is appointed a minister or any other post serves the country and I don’t want politics of tribalism or sectarianism. He is not a leader for Bakiga only,” Mr Bageine said.
Another source that did not want to be quoted because he lacks authority to speak to the press freely said whereas Prof. Bukenya was dropped and Mbabazi reshuffled to post of Prime Minister, he is no different from Bukenya because both men have had their political ambitions clipped. “Bukenya cannot come out to oppose Museveni, government or join the opposition because there is a case open against him like Mbabazi. So both men have no forum to champion their ambitions,” the source said.
Same cloth
Both politicians were adversely named in the post-Chogm investigations into how billions of shillings meant for the hosting of 2007 Commonwealth summit were abused.
NRM Spokesperson Mary Karooro Okurut, however, dismisses the above views as rumour and allegations meant to create cliques within the party.
“I don’t know about queues in NRM and as to those allegations, Cabinet formations are a prerogative of the President. That is rumour mongering, the President knows the best why he made changes,” Ms Okurut said.
She added: “People shouldn’t pretend. They want to cause cliques in NRM for their selfish interests. He said he picked them for their hard work”
Now that several NRM party members have quietly welcomed the reshuffle of Mr Mbabazi, it would appear that the race for succession has again been blown wide open – but with only the President as the most prominent fixture on the field. They say Mr Mbabazi had allegedly sidelined others to further his presidential ambitions.
They also cite the non-functional party secretariat as his undoing. Now that is all probably water under the bridge. Both Prof. Bukenya and Mr Mbabazi are reported to have had a blessing from Mr Museveni way back in 2005 when he tried reconciling them. Mr Museveni is reported to have met each of them individually later and suggested how each of the two was capable of replacing him as president.
Consequently, the two developed a cold attitude towards each other, marshalling their supporters. It is said Mr Mbabazi considered Prof. Bukenya a newcomer with little connection and contribution to the formation of the party, as Prof. Bukenya got the blessing of some of the bush war Generals who have never recognised Mr Mbabazi as one of them as they considered him an usurper since his contribution to the 1981- ’86 bush war which brought Mr Museveni to power was perceived little. The contest appears to have – for now – arrived at an inconclusive pass.

Source: Daily Monitor, Posted  Sunday, May 29 2011 at 00:00

Author: Richard Wanambwa  (email the author)
Former Vice President Gilbert Bukenya and ruling party General Secretary Amama Mbabazi have for the last six years been thought to be in line to replace President Museveni. But have the recent reshuffles affected the duo’s chances of ascension to the country’s top seat? Sunday Monitor’s Richard Wanambwa examines their fate.